Druon : « Les gens qui viennent à la porte de ce ministère avec une sébile dans une main et un cocktail Molotov dans l'autre devront choisir. »

Humour involontaire, suite.

Le mot le plus connu revient à un auteur best-seller en son temps (fresque historico-romanesque des Rois Maudits, portée à la télévision) et résistant (parolier du célèbre Chant des Partisans avec Joseph Kessel).

Les deux autres contributeurs, plus récents, sont plus modestes.

« Les gens qui viennent à la porte de ce ministère avec une sébile dans une main et un cocktail Molotov dans l’autre devront choisir. »3143

Maurice DRUON (1918-2009), Déclaration à l’AFP, 3 mai 1973

Nommé ministre des Affaires culturelles le 5 avril 1973 (gouvernement Messmer, sous la présidence de Pompidou), il fait l’inventaire des lieux, explique ce que sera sa politique, et menace clairement les directeurs de théâtre « subversifs » du secteur public : « Que l’on ne compte pas sur moi pour subventionner, avec l’argent du contribuable, les expressions dites artistiques qui n’ont d’autre but que de détruire les assises de notre société. »

D’où indignation, pétitions et manifestation monstre du 13 mai, pour marquer l’enterrement de la liberté d’expression. Tout le secteur culturel (très majoritairement de gauche) est solidaire contre le ministre. Les créateurs protestent, parlent d’ordre moral et de remise en question de la liberté de création. Il faut se replacer dans le contexte historique, à la fois politique et culturel de l’époque, pour comprendre le poids de ces mots et le choc dans l’opinion.

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« Je ne suis pas un expert du 12e arrondissement, mais je l’ai traversé quand j’ai couru le marathon de Paris. »3422

Arno KLARSFELD, à la veille des élections législatives des 10 et 17 juin 2007

Pour cette déclaration qui ne vaut pas vraiment programme politique, le fringant avocat concourt au prix Press Club, humour et politique. Sarkozy élu président le 6 mai, la commission d’investiture de l’UMP le désigne comme candidat aux élections législatives, pour succéder au député Jean de Gaulle (petit-fils du Général). Il perd au second tour et sera occasionnellement conseiller du président, avant d’être nommé au Conseil d’État.

« Je ne serai peut-être pas élue présidente de la République, mais je ne serai pas la seule. »3481

Nathalie ARTAUD, porte-parole de Lutte ouvrière. Nommée, pour ce mot, au prix Press Club, humour et politique, en 2011

Peinant à prendre la succession d’Arlette Laguiller (six fois candidate, un cas et une figure médiatique), elle représente aussi tous les petits candidats qui n’ont aucune chance d’être élus : l’ouvrier Philippe Poutou du NPA (Nouveau parti anticapitaliste, associé à l’image d’Olivier Besancenot) ; l’inclassable Jacques Cheminade, de Solidarité et Progrès ; Éva Joly la star, qui rate sa campagne écologiste ; Dupont-Aignan, gaulliste solitaire de Debout la République…