En 1940, Maurras ne pouvait être que pétainiste. En cela, il est comme la majorité des Français, mais sans état d’âme et sans regret ultérieur. Il restera jusqu’à la fin (de la guerre et de sa vie) dans la logique d’un patriotisme devenu chauvinisme sans issue, en pleine guerre mondiale.
À feuilleter pour tout savoir.
« Avec Pétain, nous sortions du tunnel de 1789. »2773
(1868-1952)
L’Action française et l’étranger (2002), Claude Hauser, Catherine Pomeyrols.
Il est de ces Français, nombreux en 1940, que le régime de Vichy rassure. Les pleins pouvoirs à Pétain (vainqueur de Verdun au cœur de la Grande Guerre), c’est la fin de la démocratie et l’avènement de la « révolution nationale », avec la Légion française des combattants instituée pour la faire triompher (loi du 29 août 1940), l’anglophobie proclamée (contre l’ennemi héréditaire), l’antisémitisme triomphant avec un statut pour les juifs, ou plutôt contre eux (premiers visés par la doctrine nazie), une série de messages « Travail, Famille, Patrie », un fascisme plus ou moins bien tempéré.
Être pétainiste est dans la logique de ce théoricien d’extrême droite, fondateur du « nationalisme intégral ». Cependant que la France, de façon plus ou moins convaincue ou contrainte, affichée, résignée, pratique, naïve, demeure majoritairement vichyste et rassurée par le Maréchal qui lui parle à la radio.
« J’ai été avec vous dans les jours glorieux. Chef du gouvernement, je suis et je resterai avec vous dans les jours sombres. Soyez à mes côtés. Le combat reste le même. Il s’agit de la France, de son sol, de ses fils. »2757
Maréchal PÉTAIN (1856-1951), Conclusion de l’appel lancé à la radio, 20 juin 1940
Alors que de Gaulle appelle au combat à la BBC, l’autre voix de la France parle aux Français et cette radio est bien plus écoutée. Le vainqueur de Verdun (1916) dénonce les causes de la défaite : « Trop peu d’enfants, trop peu d’armes, trop peu d’alliés. » Tel un père sévère, le vieux maréchal fait aussi la morale : « Depuis la victoire [de 1918], l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort. »
« Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la Patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c’est une portion de la France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c’est une portion de France qui renaît. »2760
Maréchal PÉTAIN (1856-1951), Discours du 25 juin 1940
En même temps qu’il annonce l’armistice prenant effet ce jour, Pétain commence à poser les bases d’un « ordre nouveau » pour le pays. Message bien reçu par Maurras, homme attaché à sa terre provençale, à ses valeurs ancestrales. D’autres Noms adhèrent au pétainisme avec plus ou moins d’enthousiasme.
« Seul, le maréchal peut réaliser l’union de la France, c’est un drapeau, un drapeau un peu taché, un peu souillé, mais c’est un drapeau tout de même. »2765
Général WEYGAND (1867-1965), à Stanislas Mangin venu lui demander de se rallier aux Forces françaises libres (FFL), été 1940.
« Monsieur le Maréchal, voici cette France entre vos bras, qui n’a que vous et qui ressuscite à voix basse… France, écoute ce vieil homme, sur toi qui se penche et qui te parle comme un père. Fille de Saint Louis, écoute-le. »2777
Paul CLAUDEL (1868-1955), Paroles au Maréchal, Le Figaro, 10 mai 1941. Fervent pétainiste dans cette « Ode à Pétain », avant de devenir gaulliste tout aussi lyrique dans « Un poème au général de Gaulle ».
« Maréchal, nous voilà ! / Devant toi, le sauveur de la France !
Nous jurons, nous tes gars / De servir et de suivre tes pas !
Maréchal, vous voilà ! / Tu nous as redonné l’espérance ! »2778André MONTAGNARD (1887-1963), paroles, et Charles Courtioux (1880-1946), musique, Maréchal, nous voilà
Chanson témoin d’une époque et reflet d’un régime, on la fait chanter aux enfants des écoles et elle passe quotidiennement à la radio.
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