La Révolution continue. Le peuple en est le héros mythifié, ses députés réunis en Assemblée travaillent à plein temps et prennent des initiatives historiques, pas seulement sous forme de lois votées. Fête de la Fédération, procès du roi : deux événements majeurs. Dans un contexte de plus en plus dangereux pour les députés.
« C’est une conjuration pour l’unité de la France. Ces fédérations de province regardent toutes vers le centre, toutes invoquent l’Assemblée nationale, se rattachent à elle, c’est-à-dire à l’unité. Toutes remercient Paris de son appel fraternel. »1370
(1798-1874), Histoire de la Révolution française (1847-1853)
L’historien de la Révolution voit en cette fête du 14 juillet 1790 le point culminant de l’époque, son génie même. C’est le jour de tous les espoirs. Et le peuple chante la plus gaie des carmagnoles, sur l’air connu du Carillon national : « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira / Le peuple en ce jour sans cesse répète, / Ah ! ça ira, ça ira, ça ira / Malgré les mutins tout réussira / Pierre et Margot chantent à la guinguette : / Ah ! ça ira, ça ira, ça ira. / Réjouissons-nous le bon temps viendra. »
Cette version bon enfant se transformera au fil des événements : « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, / Les aristocrates à la lanterne, / Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, / Les aristocrates on les pendra. » Le plus célèbre refrain de la Révolution soudain se durcit, se radicalise, quand une main anonyme ajoute ce couplet vengeur. Toujours sur le même air de contredanse populaire du Carillon national.
L’histoire peut s’écrire en chansons - des citations tout à fait valables, autant que les discours et les écrits.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« L’Assemblée nationale renferme dans son sein les dévastateurs de ma monarchie, mes dénonciateurs, mes juges et probablement mes bourreaux ! On n’éclaire pas de pareils hommes, on ne les rend pas justes, on peut encore moins les attendrir. »1461
LOUIS XVI, Lettre à Malesherbes écrite à la prison du Temple, décembre 1792
La Convention s’est érigée en tribunal et le procès est public, ce qui dramatise encore l’événement. Le roi se sait condamné d’avance : « Il faudrait s’adresser non à la Convention, mais à la France entière, qui jugerait mes juges, et me rendrait, dans le cœur de mes peuples, une place que je n’ai jamais mérité de perdre. »
« Dis à ton f… président que je me f… de lui et de son Assemblée et que si dans une heure elle ne me livre pas les vingt-deux, je le fais foudroyer. »1506
HANRIOT à l’huissier de la Convention, 2 juin 1793
Chef de la section des sans-culottes, promu commandant général de la garde nationale. L’insurrection du 2 juin est programmée, Marat y a veillé : 80 000 hommes armés de 150 canons ont investi la Convention. Un cortège de députés sort pour parler à la foule, Hanriot menace de faire tirer les canonniers sur eux…
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