Siècle de Louis XIV.
Période exceptionnellement faste pour les arts et les lettres.
Pendant que la guerre continue et en attendant le Versailles du « Roi-Soleil », la vie littéraire (La Fontaine, Boileau), musicale (Lully) et théâtrale (Molière, Racine) est encouragée par le mécénat royal et très influencée par les goûts personnels du souverain. Cet art officiel engendre une série de chefs-d’œuvre - cas unique dans l’Histoire ! Le classicisme français renforce le prestige de la royauté, dans une Europe encore baroque, mais fascinée par ce rayonnement culturel.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Le scandale du monde est ce qui fait l’offense,
Et ce n’est pas pécher que pécher en silence. »872MOLIÈRE (1622-1673), Tartuffe (1669)
Le 5 février 1669, la pièce peut enfin se jouer en public, épilogue d’un épuisant combat de cinq années, reflet de la censure au Grand Siècle ! (…) La troisième version triomphe enfin, avec la bénédiction du roi et cinquante représentations (chiffre considérable pour l’époque). Molière devient le pourvoyeur des divertissements royaux à toutes les fêtes.
« Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte. »873
BOSSUET (1627-1704), Oraison funèbre d’Henriette Anne d’Angleterre (1670)
Depuis dix ans, Bossuet est le prédicateur de la cour : des sermons par centaines, et une éloquence incantatoire dont Malraux, ministre de la Culture, retrouvera les accents et le lyrisme, trois siècles après. L’éloge funèbre de Madame, femme de Monsieur, est un modèle du genre (…)
« Ad usum Delphini. » / « À l’usage du Dauphin. »874
Nom donné aux éditions des classiques latins destinées au Grand Dauphin
(…) Bossuet devient son précepteur et renonce à prêcher pour préparer au métier de roi cet élève médiocre et mou (…) « Ad usum Delphini » désigne les éditions dont on a retranché quelques passages trop crus. Par la suite, on emploiera ironiquement cette formule à propos de publications expurgées ou arrangées, pour diverses raisons de censure.
« Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie… »875
Marquise de SÉVIGNÉ (1626-1696), Lettre, 15 décembre 1670
Quelle « chose » déchaîne le talent de l’infatigable chroniqueuse du Grand Siècle ? Le mariage annoncé de M. de Lauzun avec… « Devinez qui ? Mademoiselle, la Grande Mademoiselle ; Mademoiselle fille de feu Monsieur ; Mademoiselle, petite-fille de Henri IV ; Mlle d’Eu, Mlle de Montpensier, Mlle d’Orléans, Mademoiselle, cousine germaine du Roi (…) » Mais le roi s’y oppose.
« Si je n’étais roi, je me mettrais en colère. »876
LOUIS XIV (1638-1715), à Lauzun. Dictionnaire historique d’éducation (1771), Jean-Jacques Fillassier
Le roi garde un constant contrôle de soi (…) Mais Lauzun, son ex-favori, l’exaspère : maréchal de France, courtisan sans scrupules, il va jusqu’à payer des espions cachés sous le lit du roi et de sa maîtresse Mme de Montespan, pour lui rapporter la trahison de la favorite censée le soutenir dans ses projets de mariage ! Ces impertinences le mènent à la Bastille et à Pignerol, pendant neuf ans (…)
« Point de quartier pour cette canaille. »877
Duc de LONGUEVILLE (1649-1672), passage du Rhin, 12 juin 1672 (…)
En état d’ivresse, le duc français tue un officier hollandais au centre de sa troupe, demandant la vie à genoux. Il est tué par une décharge en retour (…) C’est le début de la guerre de Hollande (…) La vraie raison est économique : l’essor de l’industrie et des exportations françaises passe par l’élimination de la concurrence hollandaise et de sa marine marchande (…)
« Le lendemain au point du jour,
On vit paraître Luxembourg,
Avec toute sa cavalerie
Qui marchait par escadrons,
Et sa noble infanterie
Qui marchait par bataillons. »878Complainte de Guillaume d’Orange, chanson (…)
(…) Il a suivi Condé depuis la Fronde. Il est encore avec lui et Turenne en juin 1672. Ils envahissent la Hollande et s’avancent jusqu’au cœur du pays (…) Des villes capitulent, font des offres de paix. Mais le roi, mal conseillé par Louvois, secrétaire d’État à la Guerre qui flatte son désir de gloire, répond par un ultimatum et provoque un sursaut de patriotisme aux Pays-Bas (…)
« Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non pas de leurs maladies. »879
MOLIÈRE (1622-1673), Le Malade imaginaire (1673)
Malade d’une tuberculose que les médecins du temps sont impuissants à guérir (…) épuisé de travail à la tête de sa troupe et au service du roi, supplanté par l’intrigant Lully, Molière, 51 ans, est pris d’une défaillance sur la scène de son théâtre du Palais-Royal, alors qu’il joue pour la quatrième fois le rôle du Malade. Il meurt chez lui (…) Ceci pour démentir la légende (…)
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