Religion et tolérance. Après la Saint-Barthélemy et autres massacres des guerres de Religion à la fin du XVIe siècle, la raison l’emporte sur les passions.
Mais le terrorisme (religieux et pas que…) réapparaît au XXIe siècle, avec le djihad à la une de l’actu.
« Pour la religion dont tous les deux font parade, c’est un beau prétexte pour se faire suivre par ceux de leur parti ; mais la religion ne les touche ni l’un ni l’autre. »561
(1533-1592)
Dictionnaire universel des Sciences morale, économique, politique et diplomatique (1781), Jean B. Robinet.
Catholique modéré, il témoigne de cette évidence : les guerres de Religion ne sont plus religieuses, l’enjeu est avant tout politique. Henri de Navarre (le futur Henri IV) n’a pas plus de conviction protestante que catholique et Henri de Guise (Ligueur ultra-catholique) ne pense qu’à devenir roi.
« Je veux que ceux de la religion vivent en paix en mon royaume. Il est temps que nous tous, saouls de guerre, devenions sages à nos dépens. »639
HENRI IV (1553-1610), résumant la philosophie de l’édit de pacification de Nantes, signé le 13 avril 1598
Clauses religieuses : liberté de conscience, liberté du culte réformé, restitution des temples et autorisation d’en construire de nouveaux. Clauses politiques : amnistie, égalité civile, accès à tous les emplois, tribunaux composés à égalité de magistrats des deux confessions. Clauses territoriales et militaires : disposition d’une centaine de villes de sûreté.
Cet acte de tolérance, unique dans l’Europe de l’époque, met fin aux guerres de Religion. Mais il favorise l’existence d’un « État dans l’État », d’autant plus que des clauses secrètes renforcent les privilèges reconnus aux protestants – germe de résistance et de futures rébellions.
« Cela me crucifie ! » se lamente le pape. Henri IV se réjouit : « La France et moi avons besoin de reprendre haleine. »
« La liberté des deux religions sera la guérison de cet État. La liberté rompra l’impétuosité de nos divisions. »641
De la concorde de l’État, libelle anonyme (1599)
C’est déjà le langage de la tolérance, tel qu’il s’exprimera au siècle des Lumières. Auparavant, l’intolérance va encore faire des ravages, dans les faits et les esprits. Malgré tout, malgré l’hostilité des catholiques et la méfiance des protestants, l’édit de Nantes permet leur coexistence pacifique et provisoire. Il faut rendre hommage au roi : en une décennie, Henri IV sut agir en grand politique, sortant la France d’une situation qui semblait quasi désespérée, à son avènement.
« Rien ne doit être plus libre que les consciences. Je ne souffrirai que nul de mes sujets de la religion prétendue réformée soit oppressé ni violenté en sa foi. »681
LOUIS XIII (1601-1643)
Pensées choisies des rois de France (1920), recueillies et annotées par Gabriel Boissy
Bien que fervent catholique, Louis XIII s’adresse ainsi au huguenot Lesdiguières, en 1622. Mais devant « l’État dans l’État » que représentent les protestants, donc le danger pour la monarchie et l’unité de la France, le roi ne peut pas toujours maintenir cette politique de tolérance. Le siège de la citadelle protestante de La Rochelle (1627-1628) sera l’un des plus atroces de l’histoire et des plus longs – quinze mois.
« S’il n’y avait en Angleterre qu’une religion, le despotisme serait à craindre ; s’il y en avait deux, elles se couperaient la gorge ; mais il y en a trente, et elles vivent en paix et heureuses. »1025
VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques, ou Lettres anglaises (1734)
Le philosophe admire le régime anglais, qu’il eut tout loisir d’étudier, en trois ans d’exil. Il expose les leçons que la France peut en tirer en maints domaines (religion, économie, politique).
« Si l’on n’eût écouté que ce que Dieu a dit au cœur de l’homme, il n’y aurait jamais eu qu’une seule religion sur terre. »1049
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), Profession de foi du Vicaire savoyard (1762)
Apôtre de la religion naturelle, il dresse contre les religions révélées un réquisitoire applaudi par Voltaire. Le Contrat social prévoit l’institution d’un culte civil, lien mystique entre les citoyens. D’où l’éloge appuyé de Robespierre dans son discours du 18 floréal an II sur le culte de l’Être suprême.
« Les guerres de religion ne sont jamais finies. Elles ne demandent qu’à se rallumer. Chaque fois qu’un pays va mal… »3479
François Bayrou (né en 1951), Discours au Zénith de Paris, 25 mars 2012, campagne pour l’élection présidentielle de mai 2012
Accusé de récupération ou d’instrumentalisation, c’est surtout une prémonition… « Il est une montée des périls dans la société française. Montée de l’intolérance, montée des violences, montée des trafics de toute nature. Au cœur de la société française, particulièrement dans sa partie la plus fragile, sur les questions de religion, sur les questions d’origine, sur la couleur de la peau, les tensions montent. Les guerres de Religion ne sont jamais finies. Elles ne demandent qu’à se rallumer. Chaque fois qu’un pays va mal, les tensions montent au sein de ce pays et au sein de son peuple. »
Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.