Sixième jour de notre série sur Napoléon.
Cynisme et pragmatisme, en tout cas, mépris affiché des hommes et des femmes.
Feuilletez notre Chronique sur le Directoire, le Consulat et l’Empire pour tout savoir.
« C’est avec des hochets que l’on mène les hommes ! »1725
(1769-1821), Déclaration au Conseil d’État, 8 mai 1802
Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919, volume III (1921), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac.
Il expose ses idées sur la Légion d’honneur et réplique au conseiller d’État Berlier, qui réservait aux monarchies les hochets et les rubans, ces distinctions indignes d’une république : « Les Romains avaient des patriciens, des chevaliers, des citoyens et des esclaves. Ils avaient pour chaque chose des costumes divers, des mœurs différentes. Ils décernaient en récompense toutes sortes de distinctions, des noms qui rappelaient des services, des couronnes murales, le triomphe ! Je défie qu’on me montre une république ancienne ou moderne dans laquelle il n’y ait pas eu de distinctions. On appelle cela des hochets ! Eh bien ! c’est avec des hochets que l’on mène les hommes. »
En vertu de quoi l’ordre de la Légion d’honneur est créé le 19 mai 1802, pour récompenser les services militaires et civils. L’ordre existe toujours : le président de la République française en est aujourd’hui le grand maître.
« On gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus. »1773
NAPOLÉON Ier (1769-1821), Maximes et pensées
L’empereur est sans illusion sur la nature humaine. « J’ai fait des courtisans, je n’ai jamais prétendu me faire des amis. » Les vraies fidélités, il les trouvera dans la Grande Armée, chez ses généraux comme chez les soldats.
« Les femmes sont l’âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du gouvernement devraient leur être fermés. »1779
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Lettre de celui qui n’est encore que jeune général à son frère Joseph, 8 septembre 1795
On croirait entendre le cardinal de Richelieu. Sa misogynie bien connue dans la cour et les salons aura des conséquences juridiques, dans le Code civil : la femme vit sous la tutelle du mari, qui peut l’envoyer en prison si elle commet un adultère. Un homme dans la même situation sera puni d’une simple amende. Même inégalité de traitement en matière de divorce : pour l’obtenir, la femme doit établir que son époux a établi sa concubine au foyer commun. Par ailleurs, l’instruction est réservée aux hommes, dans les lycées et à l’Université.
« Nous autres peuples d’Occident, nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien […] Elles ne doivent pas être regardées comme les égales des hommes, et ne sont, en réalité, que des machines à faire des enfants […] Il vaut mieux qu’elles travaillent de l’aiguille que de la langue. »1823
NAPOLÉON Ier (1769-1821). Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby
La création de la maison d’éducation des jeunes filles de la Légion d’honneur d’Écouen, le 15 mai 1807, est une occasion de manifester sa misogynie, en réaction contre un siècle des Lumières relativement émancipateur et une idéologie révolutionnaire démocratique. Bref, selon une note de l’empereur : « Élevez-nous des croyantes et non pas des raisonneuses. »
« C’est un ventre que j’épouse. »1846
NAPOLÉON Ier (1769-1821). Le Fils de l’empereur (1962), André Castelot
Cette expression cavalière est aussi humiliante pour la future mariée que pour son père, François Ier d’Autriche, empereur romain germanique. Napoléon confirme la référence à la « belle génisse » sacrifiée par l’Autriche et assume le rôle du Minotaure prédateur, sans y mettre les formes. Il manifeste tant de hâte qu’on parle d’un enlèvement, plus que d’un mariage. La cérémonie religieuse a lieu le 2 avril 1810. Marie-Louise a 18 ans, il vit une lune de miel de trois semaines qui le comble et sa seconde femme lui donnera un fils, le 20 mars 1811 : le roi de Rome, alias l’Aiglon.
« Dans la position où je suis [en 1814], je ne trouve de noblesse que dans la canaille que j’ai négligée, et de canaille que dans la noblesse que j’ai faite. »1887
NAPOLÉON Ier (1769-1821). Napoléon (1921), Élie Faure
L’empereur déchu par des sénateurs qui lui devaient honneurs, titres, fortune, hésite encore à abdiquer, au château de Fontainebleau. Un dicton court dans Paris : « Bientôt, il n’y aura en France qu’un Français de moins. »
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