L’Empire succède à la Révolution. Napoléon, l’auteur-acteur vedette de notre Histoire en citations, est aussi le plus grand marcheur, le plus convaincu, le plus infatigable jusqu’à l’extrême limite de ses forces - et de celles du pays.
Cela dit, quelle épopée, quel personnage, quel destin !
« Souvenez-vous que je marche accompagné du dieu de la guerre et du dieu de la fortune. »1679
(1769-1821), Conseil des Anciens, 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799)
Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III (1858).
C’est le jour du fameux « coup d’État de Brumaire ». Bonaparte veut renverser le régime pourri (et impuissant) du Directoire, pour prendre le pouvoir. Il harangue les « Citoyens représentants ». Les Anciens ne réagissent pas, mais il est hué par les Cinq-Cents (seconde Assemblée). Sa rhétorique dramatique et menaçante rappelle les grandes heures révolutionnaires - et l’époque est révolue. On crie : « À bas le dictateur ! »
Lucien Bonaparte, qui préside l’Assemblée, sauve son frère défaillant, évacué de la salle par les grenadiers. Il invoque des menaces de mort, Murat fait donner la troupe, ses hommes chargent à la baïonnette, les députés se dispersent. Le coup d’État parlementaire est devenu militaire. Finalement réussi. Le dieu de la fortune (chance) était vraiment avec Bonaparte, qui n’en doutait pas.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Chacun de ses pas désormais est marqué par une parole, par un de ces mots historiques qu’on retient parce qu’il est éclairé de gloire. »1659
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, 17 décembre 1849
Il juge en critique littéraire et se réfère aussi à l’Histoire : « Henri IV avait eu des traits d’esprit, des saillies heureuses que répétaient les gentilshommes ; mais, ici, il fallait une éloquence à la hauteur nouvelle des grandes opérations, à la mesure de ces armées sorties du peuple, la harangue brève, grave, familière, monumentale. Du premier jour, au nombre de ses moyens de grande guerre, Napoléon trouva celui-là. »
« On ne conduit le peuple qu’en lui montrant un avenir : un chef est un marchand d’espérances. »1768
NAPOLÉON Ier, Maximes et pensées
Il précise : « On ne peut gouverner l’homme que par l’imagination ; sans l’imagination, c’est une brute ! Ce n’est pas pour cinq sous par jour ou pour une chétive distinction que l’on se fait tuer ; c’est en parlant à l’âme que l’on électrise l’homme. » Ce message dut plaire à de Gaulle, grand admirateur de l’empereur.
« Les Alliés ! Je vais les écraser dans Paris. Il faut marcher sur la capitale sans tarder ! »1888
NAPOLÉON Ier, au château de Fontainebleau, 4 avril 1814
La veille de sa première abdication, il lui reste des soldats qui défilent devant lui, chantant la Marseillaise et criant : « À Paris ! À Paris ! » Prêt à donner l’ordre de l’offensive, le général expose son plan devant les maréchaux qui espèrent seulement sauver l’Empire, et sont las de la guerre. Napoléon doit renoncer, partir en exilé vaincu.
« Enfin, v’la qu’je r’voyons à Paris / Ce fils de la victoire !
L’aigle remplace la fleur de lys, / C’est c’qui faut pour sa gloire.
De l’île d’Elbe en quittant le pays, / Crac ! Il se met en route.
En vingt jours, il arrive à Paris. / C’t’homm’-là n’a pas la goutte. »1929Ot’-toi d’là que j’m’y mette, chanson de 1815
La magie impériale agit encore. Ce sont les Cent-Jours (mars-juin 1815). Revenu de l’île d’Elbe, Napoléon débarque à Golfe-Juan : « L’aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame. » Il va rallier les troupes envoyées pour l’arrêter, soulever d’enthousiasme les populations et traverser la France en vingt jours et virer Louis XVIII du trône, sous les yeux de l’Europe pétrifiée. La dernière épopée se termine à Waterloo… et la légende commence.
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