Napoléon est d’une misogynie avérée, dans sa vie privée autant que publique. Ça ne l’empêche pas d’être fort épris de sa première femme, Joséphine, qui le fit notoirement cocu, mais pas père. D’où le second mariage et une manière assez cavalière de traiter Marie-Louise.
« La femme doit obéissance à son mari. »1749
Code civil (21 mars 1804), article 213
La condition féminine pâtit de la nouvelle législation, reflet de la position sociale des femmes et d’une évidente misogynie du maître de la France - le Code civil, dit Code Napoléon, 2 281 articles réunis en 36 lois, vaut heureusement pour d’autres raisons aux yeux du monde et de la postérité.
Trois ans plus tard, l’empereur crée la maison d’éducation des jeunes filles de la Légion d’honneur : « Nous autres peuples d’Occident, nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien. Elles ne doivent pas être regardées comme les égales des hommes, et ne sont, en réalité, que des machines à faire des enfants. Il vaut mieux qu’elles travaillent de l’aiguille que de la langue. » Autre occasion de manifester sa misogynie, en réaction contre un XVIIIe siècle relativement émancipateur et une idéologie révolutionnaire démocratique. Bref, selon une note de l’empereur : « Élevez-nous des croyantes et non pas des raisonneuses. »
« Eh bien ! duchesse, aimez-vous toujours autant les hommes ?
— Oui Sire, quand ils sont polis. »1778Duchesse de FLEURY (1769-1820) à NAPOLÉON Ier (1769-1821),1806
Revue politique et littéraire : revue bleue, I (1875)
La duchesse reste dans l’histoire sous le nom d’Aimée de Coigny - qui inspira le poème de La Jeune Captive à André Chénier. Elle écrira bientôt ses Mémoires, comme tant de gens lettrés à l’époque.
Quant à l’empereur, sa goujaterie est proverbiale. Dans les salons, il ne se gêne pas pour apostropher une dame en ces termes : « Cette robe est sale, vous n’en changez donc jamais ? » ou encore « Quelle déception ! On m’avait assuré que vous étiez jolie ». Personne n’ose répliquer, hormis la duchesse de Fleury, revenue d’émigration avec une réputation de galanterie.
« Les femmes sont l’âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du gouvernement devraient leur être fermés. »1779
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Lettre du jeune général à son frère Joseph, 8 septembre 1795
On croirait entendre le cardinal de Richelieu. L’inégalité de traitement entre les sexes vaut en cas d’adultère et de divorce. Par ailleurs, l’instruction est réservée aux hommes, dans les lycées et à l’Université.
Il motive cette misogynie avec des attendus laborieux : « La femme est notre propriété, nous ne sommes pas la sienne ; car elle nous donne des enfants, et l’homme ne lui en donne pas. Elle est donc sa propriété comme l’arbre à fruit est celle du jardinier. » Ou des considérations domestiques : « Les hommes sont faits pour le grand jour. Les femmes sont faites pour l’intimité de la famille et pour vivre dans leur intérieur. »
Il multiplie les maîtresses, mais n’est pas un bon amant – en homme trop pressé, il n’ôte même pas ses bottes.
« C’est un ventre que j’épouse. »1846
NAPOLÉON Ier (1769-1821)
Le Fils de l’empereur (1962), André Castelot
L’empereur a beaucoup aimé sa première femme – Joséphine, qui l’a beaucoup trompé. Mais il a divorcé, pour assurer sa descendance, à 40 ans. Il a choisi la fille de l’empereur d’Autriche. Il manifeste tant de hâte qu’on parle d’un enlèvement, plus que d’un mariage, le 1er avril 1810. Cérémonie religieuse le 2. Marie-Louise a 18 ans, il vit une lune de miel de trois semaines et sa seconde femme lui donnera un fils, le 20 mars 1811 : le roi de Rome, fils de l’Aigle, dit l’Aiglon.
« L’Autriche fit au Minotaure le sacrifice d’une belle génisse. »1845
Prince de LIGNE (1735-1814)
L’Europe et la Révolution française (1904), Albert Sorel
Il commente le mariage impérial, en authentique et vieux prince autrichien, avec des références mythologiques familières au monde de son temps. Et c’est fort bien vu : Napoléon en Minotaure et Marie-Louise en proie consentante. Mais qui pense à l’humiliation du père de la mariée, François Ier d’Autriche, empereur romain germanique ? Quant à Marie-Louise, c’est l’image même de la fille et de l’épouse soumise.
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