Les partis politiques. Paradoxe majeur, ils ont tous les défauts du « système » et tout le monde s’en méfie ou les critique, aussi bien les citoyens que les hommes politiques. L’Histoire en citations le prouve, depuis la Révolution de 1789.
Relookés, rénovés, rebaptisés mouvement, rassemblement, groupe, union… les partis semblent pourtant indispensables à la vie démocratique, au niveau d’un pays comme la France.
« Gouverner par un parti, c’est se mettre tôt ou tard dans sa dépendance. On ne m’y prendra pas. Je suis national. »1692
(1769-1821), au Conseil d’État, fin 1799
Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919, volume III (1921), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac.
Le nouvel homme fort qui a pris le pouvoir après la Révolution va le répéter à diverses occasions, sous son Consulat : c’est le premier principe de sa politique et un point fort de sa stratégie d’homme d’État.
La logique des partis fut fatale aux révolutionnaires – au sens littéral, si on se rappelle tous ceux guillotinés pour être ou ne pas être de tel ou tel parti, courant, tendance, nuance, club et autre faction !
Le régime des partis se révélera également funeste aux Républiques qui se suivront et (en cela du moins) se ressembleront, pendant deux siècles. De Gaulle lui-même, autre général entré en politique à la faveur d’événements dramatiques, n’aura pas de mot assez fort ou méprisant pour fustiger les partis, leur jeu et l’instabilité gouvernementale qui s’ensuit.
Cela dit, les partis sont inhérents à la démocratie. De Gaulle en aura le respect absolu, Bonaparte n’a pas ce genre de problème.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Celui qui a des culottes dorées est l’ennemi de tous les sans-culottes. Il n’existe que deux partis, celui des hommes corrompus et celui des hommes vertueux. »1502
ROBESPIERRE, au club des Jacobins, 8 mai 1793
L’Incorruptible vise les Girondins, issus de la même classe bourgeoise que ses amis, lui-même étant toujours très élégamment vêtu. Manichéisme simpliste, mais efficace, qui oppose les riches aux pauvres et aboutit à la Terreur.
« Ce qui effraie le plus dans les partis, ce n’est pas ce qu’ils disent, c’est ce qu’ils négligent ou refusent de dire. »2042
Louis BLANC, L’Organisation du travail (1839)
Les partis politiques, au sens moderne, sont nés sous la Monarchie de Juillet. Journaliste de gauche, socialiste d’opposition violente, il se méfie de la politique et dénonce la langue de bois politicienne, plus fréquente que le franc-parler d’un Robespierre.
« Premier magistrat du pays,
L’honneur me met, je vous l’atteste,
Au-dessus de tous les partis.
Aussi, Messieurs, j’y suis, j’y reste. »2439Paul AVENEL, J’y suis, j’y reste (1873), chanson
Il s’agit de Mac-Mahon, illustre général (héros de la guerre de Crimée sous le Second Empire), devenu vieux maréchal et premier vrai président de la (Troisième) République.
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