Napoléon III, victime de l’humour d’autrui, en a lui-même beaucoup - seule supériorité sur son illustre ancêtre. Lucide et sincère, il ne s’épargne pas plus qu’il ne ménage son entourage. En cela, il rappelle Louis XVIII, sans égaler Henri IV.
« L’Empereur, vous n’avez rien de lui ! — Tu te trompes, mon cher, j’ai sa famille. »2269
(1808-1873) à son cousin germain Jérôme-Napoléon Bonaparte (1856)
Histoire de la France, volume II (1958), André Maurois.
Jérôme-Napoléon, dit Prince Napoléon, fils de Jérôme Bonaparte (frère de Napoléon Ier) et frère de la princesse Mathilde, mettait ainsi en doute l’ascendance paternelle de l’empereur. Sa mère, Hortense de Beauharnais (fille de Joséphine), avait eu avant sa naissance en 1808 bien des amants : un écuyer, son premier chambellan qui était comte, un marquis, un amiral hollandais. Les historiens ignoreront toujours si Napoléon III est bien le fils de son père Louis Bonaparte, roi de Hollande. Une seule chose est sûre : le doute devait empoisonner l’empereur.
Sa famille n’est pas un cadeau, surtout ce cousin germain, chef de la branche cadette, appelé parfois Napoléon V et surnommé Plon-Plon (diminutif affectueux de sa mère, devenu ridicule avec l’âge). Il affiche ses convictions anticléricales et jacobines. L’empereur se méfie de ce « César déclassé », impulsif et velléitaire, en état de fronde perpétuelle. L’empereur est par ailleurs mal entouré.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Les choses ne vont pas tout droit dans mon gouvernement. Comment en serait-il autrement ? L’impératrice est légitimiste, Morny est orléaniste, je suis républicain. Il n’y a qu’un bonapartiste, c’est Persigny, et il est fou. »2278
NAPOLÉON III, Le Duc de Morny : « empereur » des Français sous Napoléon III (1951), Robert Christophe
Persigny a le bonapartisme si prosélyte qu’il faut le mettre à la retraite, à l’heure du libéralisme. Morny, demi-frère dévoué, abandonne le ministère de l’Intérieur. L’impératrice, conservatrice et catholique, ne pense qu’à préserver les intérêts de son fils. Et le prince Napoléon, au bonapartisme jacobin et anticlérical, manœuvre à gauche avec des prétentions dynastiques.
« Je n’aime pas le cuisinier, mais je trouve sa cuisine excellente.
— Dites à Monsieur Thiers que je ne le prendrais pas pour marmiton, car il gâterait mes sauces. »2267NAPOLÉON III, apprenant le mot d’Adolphe Thiers sur sa politique italienne, 1856
Républicain, donc opposant, Thiers approuve la politique étrangère de Napoléon III qui a su comprendre l’évolution du principe des nationalités, avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes - incontestable réussite à cette date.
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