Super star de l’Histoire en citations, Napoléon ne pouvait pas manquer ce dernier rôle. Le plus illustre père a raté sa succession, mais réussi sa légende, aidé par le génie poétique d’Hugo célébrant l’Aigle et l’Aiglon.
À feuilleter pour tout savoir.
« Joseph, si notre père nous voyait ! »1798
(1769-1821), à son frère le jour du Sacre, 2 décembre 1804
Encyclopédie Larousse, article « La jeunesse de Napoléon Bonaparte ».
Ce Corse a le sens de la famille. Tous ses frères et sœurs en profitent, Madame Mère craint que ça ne dure pas et refuse d’assister au Sacre. Mais son père est mort, sans doute du même mal que son fils impérial - d’un cancer à l’estomac.
« Je me donne des ancêtres. »1844
NAPOLÉON Ier (1769-1821), château de Compiègne, 27 mars 1810
Obsession impériale, qui l’oblige à se séparer de Joséphine (femme toujours aimée, mais stérile) pour prendre une « belle génisse » autrichienne : « C’est un ventre que j’épouse. » Mission vite et bien accomplie. L’enfant naît 11 mois près.
« Je l’envie. La gloire l’attend, alors que j’ai dû courir après elle […] Pour saisir le monde, il n’aura qu’à tendre les bras. »1855
NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Duroc, 20 mars 1811
Père bouleversé devant le berceau de son fils, d’autant que cette naissance comble l’empereur. La dynastie semble installée à jamais. Il avoue son émotion à l’un de ses plus anciens compagnons de route et de gloire.
« Bel enfant qui ne fait que naître, / Et pour qui nous formons des vœux,
En croissant, tu deviendras maître / Et régneras sur nos neveux.
Dame, dame, réfléchis bien, / Dame, dame, souviens-toi bien / Qu’alors il ne faudra pas faire
Tout comme a fait, tout comme a fait ton père. »1854Chanson pour le roi de Rome (1811). Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier
Parmi toutes les chansons en l’honneur de l’illustre nouveau-né, celle-ci résonne comme un avertissement au père. La chanson donne le pouls de l’opinion publique – précieux sous l’Empire, avec la censure qui veille.
« Ce diable de roi de Rome, on n’y pense jamais ! »1868
Nicolas FROCHOT (1761-1828), préfet de Paris. Mémoires de Madame de Chastenay (1896)
Quasi-coup d’État, le bruit court que l’empereur est mort devant Moscou. Mais personne, pas même le préfet, n’a pensé à crier : « L’empereur est mort ! Vive l’empereur ! » Cet oubli choqua Napoléon plus que la conspiration du général Malet.
« Ma vie politique est terminée. Je proclame mon fils, sous le nom de Napoléon II, empereur des Français. »1951
NAPOLÉON Ier (1769-1821), 22 juin 1815, seconde abdication
Et cette fois en faveur de son fils. Napoléon II est reconnu empereur le 23 juin par les Chambres des Cent-Jours. Non sans tumulte ! Dans le cas contraire, l’abdication serait nulle et Napoléon pourrait repartir en guerre avec 50 000 hommes !
« Je préférerais qu’on égorgeât mon fils ou qu’il fût noyé dans la Seine plutôt que de le voir jamais élevé à Vienne comme prince autrichien. »1960
NAPOLÉON Ier (1769-1821. Les Errants de la gloire (1933), princesse Lucien Murat (comtesse Marie de Rohan-Chabot)
Il ignore encore, en cette fin d’année 1815, que l’Aiglon sera précisément élevé à Vienne par son grand-père maternel, comme un prince autrichien, sous le nom de duc de Reichstadt. « Assassinat moral » tant redouté par Napoléon.
« L’Angleterre prit l’aigle et l’Autriche l’aiglon. »1961
Victor HUGO (1802-1885), Les Chants du crépuscule (1835)
Les destins tragiques inspirent les poètes, et entre tous, les grands romantiques du XIXe. Edmond Rostand, considéré comme le dernier, est un peu le second père de l’Aiglon et fera beaucoup pour sa gloire, dans la pièce qui porte son nom.
« Quand j’étais tout-puissant, [les rois] briguèrent ma protection et l’honneur de mon alliance, ils léchèrent la poussière dessous mes pieds ; dans mon vieil âge, ils m’oppriment et m’enlèvent ma femme et mon fils. »1962
NAPOLÉON Ier (1769-1821). Mémorial de Sainte-Hélène (1823), Las Cases
Mais il entre vivant dans l’histoire et la légende. Il s’en charge le premier, confiant ses souvenirs et ses pensées à Emmanuel de Las Cases, auteur du Mémorial – plusieurs fois réédité vu son succès, chaque édition revue et augmentée.
« Ma tombe et mon berceau seront bien rapprochés l’un de l’autre ! Ma naissance et ma mort, voilà donc toute mon histoire. »2078
Duc de REICHSTADT (1811-1832), mourant à 21 ans de tuberculose, 22 juillet 1832
L’Aiglon n’aura pas le destin rêvé pour lui par son père, ni même aucun rôle politique. Son grand-père maternel, François Ier d’Autriche, y veille, tout en aimant tendrement l’adolescent fragile.
« Tous deux sont morts. Seigneur, votre droite est terrible. »2079
Victor HUGO (1802-1885), Poème d’août 1832 (Napoléon II, Les Chants du crépuscule)
Napoléon est mort à 51 ans, le 5 mai 1821, après cinq ans de captivité à Sainte-Hélène. La légende napoléonienne doit beaucoup au génie d’Hugo et à la comparaison avec le prochain maître de la France, « Napoléon le Petit ».
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