Restauration
Les Cent-Jours, suite. Suspense total, tout peut arriver…
Ralliement surprise du maréchal Ney chargé d’arrêter le vol de l’Aigle, fuite éperdue du roi Louis XVIII qui se ridiculise même aux yeux de ses fidèles, plébiscite gagnant pour le « nouveau régime » impérial bricolé à la hâte… Talleyrand veille au Congrès de Vienne où les souverains réunis se coalisent pour la septième fois. Napoléon remporte une (dernière) victoire, deux jours avant Waterloo…
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Soldats du 5e, je suis votre empereur. Reconnaissez-moi. S’il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son empereur, me voilà ! »1932
NAPOLÉON Ier (1769-1821) ouvrant sa redingote grise et montrant sa poitrine nue aux soldats venus l’arrêter, 7 mars 1815. 1815 (1893), Henry Houssaye
(…) L’officier fidèle au roi a crié « Feu ! » à ses hommes, Napoléon a eu ce geste, ce mot. Aucun ne tire, le cri de « Vive l’empereur ! » répond à sa voix, tous les soldats jettent les cocardes blanches et remettent les cocardes tricolores remisées dans leur sac, il y a un an. Tous se rallient à l’empereur (…) Le vol de l’Aigle continue, sur la route Napoléon (…)
« Je ramènerai l’usurpateur dans une cage de fer. »1933
Maréchal NEY (1769-1815), au roi Louis XVIII
Surnommé le Brave des braves sous l’Empire, Ney a poussé Napoléon à abdiquer, il y a moins d’un an, et s’est rallié à Louis XVIII qui le fit pair de France. Le roi le charge à présent d’arrêter le vol de l’Aigle. Ney en fait le serment. Mais il va céder à son tour au charisme de l’empereur, et se rallier à lui avec ses troupes, le 13 mars.
« Il faut tuer Buonaparte comme un chien enragé. »1934
TALLEYRAND (1754-1838), Congrès de Vienne, 12 mars 1815
Napoléon a bouleversé le bon ordre du Congrès et mis le ministre français dans une situation délicate, si habile que soit notre diplomate, à 60 ans.
« [Napoléon déclaré] hors des relations civiles et sociales et livré à la vindicte publique comme ennemi et perturbateur du monde. »1935
Les souverains alliés, Congrès de Vienne, 13 mars 1815. Le Moniteur universel (1815)
Les souverains présents au Congrès de Vienne - François Ier l’empereur d’Autriche (beau-père de Napoléon), le tsar Alexandre de Russie, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III - sont unanimes à mettre Napoléon hors-la-loi. Cependant que Louis XVIII, à Paris, tient encore à son trône, et joue son rôle.
« J’ai travaillé au bonheur de mon peuple. Pourrais-je, à soixante ans, mieux terminer ma carrière qu’en mourant pour sa défense ? »1936
Louis XVIII (1755-1824), à la Chambre des députés, séance du 16 mars 1815
(…) Il semble prêt au sacrifice suprême pour la Charte qui le fait roi de France (…) « Quoi qu’il arrive, je ne quitterai pas mon fauteuil. La victime sera plus grande que le bourreau. » (…) En réalité, le « Roi-fauteuil » prépare sa fuite et met en sûreté les joyaux de la Couronne (…) Le soir, il part pour la Belgique. Départ piteux, pitoyable (…) Napoléon arrive aux Tuileries dans la nuit. Les cris de « Vive l’empereur » se mêlent aux injures contre les Bourbons.
« Ce diable d’homme m’a gâté la France. »1937
NAPOLÉON Ier (1769-1821). Napoléon (1969), Georges Lefèbvre
À peine installé au château des Tuileries, le 20 mars 1815, il enrage contre Louis XVIII, car il se trouve littéralement assailli de libelles demandant des garanties constitutionnelles, comme le roi a été forcé d’en accorder.
« La légitimité gisait en dépôt à l’hôtel d’Hane de Steenhuyse comme un vieux fourgon brisé. »1938
François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)
L’auteur des Mémoires est nommé ministre de l’Intérieur par Louis XVIII réfugié à Gand – parce que Talleyrand a su l’empêcher de fuir plus loin. Le roi a constitué un gouvernement en exil. Selon le duc de Castries, Chateaubriand devient vite à lui seul tout le gouvernement, mais n’est pas dupe (…) Situation assez ridicule, en ce début d’avril 1815.
« Ces gens-ci recommencent à dire des bêtises, en attendant qu’ils puissent en faire. »1939
Baron LOUIS (1755-1837), mai 1815. Mémoires du comte Beugnot, ancien ministre, 1783-1815 (1866), Jacques-Claude Beugnot (comte)
Ministre des Finances de Louis XVIII en exil, le baron parle des émigrés qui s’agitent en Belgique. L’épisode des Cent-Jours, montrant un pays si prêt à changer de régime, ne leur servira même pas de leçon. Le baron est plus sage : de l’Ancien Régime à la Monarchie de Juillet, il mène une carrière sans faille, à la manière d’un Talleyrand, son ami (…)
« Dans la prospérité, dans l’adversité, sur le champ de bataille, au conseil, sur le trône, dans l’exil, la France a été l’objet unique et constant de mes pensées et de mes actions. »1940
NAPOLÉON Ier (1769-1821), Discours du Champ de Mai, 1er juin 1815
(…) Un plébiscite approuve le nouveau régime, mais l’abstention est massive (2/3 des électeurs). L’Acte additionnel aux constitutions de l’Empire, constitution libérale rédigée par Benjamin Constant, ressemble à la Charte (…) Mais le problème institutionnel est dépassé, avec la septième coalition : l’Europe aligne 500 000 hommes, contre 120 000 soldats français (…).
« Ce n’était pas une bataille, c’était une boucherie. »1941
Capitaine COIGNET, Cahiers (1851-1853)
Ce grognard, avec ses Mémoires pris sur le vif, inspirera le personnage du grenadier Flambeau, dans L’Aiglon de Rostand. Il évoque ici la bataille de Ligny, commune de Belgique où les Prussiens de Blücher sont battus pour la seconde fois par Napoléon, 16 juin 1815 (…) Bilan : 20 000 Prussiens et 13 000 Français blessés ou morts. Ligny est la dernière victoire de Napoléon, deux jours avant Waterloo (…)
« Tout le camp sommeille,
Le général veille […]
Son œil embrasse
Le vaste espace
Et sa main trace
L’arrêt du Destin. »1942Eugène de Pradel (1784- 1857), La Bataille de Waterloo, chanson
Récit chanté de 19 couplets, daté de 1821, sous-titré Souvenirs d’un vieux militaire. Ce 18 juin 1815 va inspirer bien des vers, des pages, des pensées, rendant à jamais célèbre cette petite commune de Belgique : Waterloo.
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