« Quel roman que ma vie ! » Napoléon, 1816.
Il en est l’auteur, il a le sens de la grandeur, la certitude de son génie. Il construit sa légende, une épopée de vingt ans. « Vivant, il a manqué le monde ; mort, il le possède » dit Chateaubriand, fasciné par l’empereur, qu’il combattit en opposant résolu : « Cet homme, dont j’admire le génie et dont j’abhorre le despotisme. »
« Napoléon vole comme l’éclair et frappe comme la foudre. Il est partout et il voit tout. Il sait qu’il est des hommes dont le pouvoir n’a d’autres bornes que leur volonté, quand la vertu des plus sublimes vertus seconde un vaste génie. »1649
La France vue de l’armée d’Italie, 1797
Journal créé par Bonaparte qui a vite et bien compris la nécessité de se créer une légende. C’est son deuxième journal, après le Courrier de l’armée d’Italie, largement diffusé en France pour exalter les exploits d’un jeune général encore inconnu, et avant le Journal de Bonaparte et des hommes vertueux, qui pousse plus loin encore le culte du héros.
Cette propagande est financée par le butin de l’armée d’Italie, pendant la campagne où le pillage est de coutume comme dans toute armée. Napoléon empereur aura jusqu’à la fin une maîtrise parfaite de cette « communication médiatique ».
« Soldats, songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent. »1671
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Proclamation supposée, avant la bataille des Pyramides du 21 juillet 1798
Débarquement à Alexandrie, début juillet 1798 : la ville tombe aux mains des Français et le 23, ils entrent dans la capitale, Le Caire. Cette expédition est un rêve oriental qui se réalise. La suite de l’expédition sera moins brillante.
La proclamation est un « faux », pour servir la légende, mais un faux authentique. Napoléon (devenu empereur) lit cette formule dans Une histoire de Bonaparte (anonyme, publiée en 1803), elle lui plaît et il la fait sienne.
L’Empire sera placé sous le signe des guerres qui s’enchaînent inéluctablement, des plus éclatantes victoires aux plus dramatiques défaites, entre légende dorée et légende noire d’un Napoléon toujours combattant.
« Sans trop de respect pour notre espèce, [Bonaparte] ordonna de nous transformer sur-le-champ en bêtes de somme et de trait, ce qui fut effectué comme par enchantement. »1701
Capitaine GERVAIS (1779-1858), évoquant le passage du col du Grand-Saint-Bernard, 18-20 mai 1800
Le général Bonaparte renouvelle l’exploit d’Hannibal, passant les Alpes sous la neige, avec des pièces d’artillerie traînées à bras d’homme dans des troncs creux. Scène sublimée par David : Le Premier Consul franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-Bernard. Conseillé par Bonaparte, il dépasse la représentation de l’événement pour en faire le prototype de la propagande napoléonienne. Le Premier Consul a souhaité être peint « calme sur un cheval fougueux » et l’artiste cabre l’animal, donnant un dynamisme à sa composition, renforcé par le geste de Bonaparte drapé dans un ample manteau rouge. Dans la réalité, il a franchi le col à dos de mule, revêtu d’une redingote grise. C’est quand même un exploit.
« Joseph, si notre père nous voyait ! »1798
NAPOLÉON Ier (1769-1821), à son frère le jour du sacre, 2 décembre 1804
Très pâle, l’empereur se tourne vers son frère aîné à ses côtés, pour murmurer ces mots. Leur père a tout fait pour que ses quatre fils puissent suivre de bonnes études. Il est mort en 1785, d’un cancer à l’estomac - comme plus tard son fils.
Leur mère, bien vivante, est absente. Elle refusa de participer au couronnement et de se soumettre à l’étiquette imposée par son fils, qui exige qu’on lui baise la main. Elle proteste aussi contre la querelle entre Lucien et Napoléon Bonaparte. Ce dernier s’emporte : « Mais je suis l’empereur ! _ Oui, mais vous êtes mon fils. » Madame Mère figure toutefois, en bonne place, dans Le Sacre peint par David qui immortalise la scène, lui-même étant sacré premier peintre de l’empereur en 1805 : une fresque (haute de 6,21 mètres, large de 9,79 mètres) à la démesure de l’événement. Napoléon sera comblé par cette œuvre, propre à servir sa légende et confirmer sa dynastie. À la première exposition publique du Sacre, au Salon de 1808, l’empereur n’a qu’un mot : « Je vous salue, David. »
« Quel massacre ! Et sans résultat ! Spectacle bien fait pour inspirer aux princes l’amour de la paix et l’horreur de la guerre ! »1821
NAPOLÉON Ier (1769-1821) sur le champ de bataille d’Eylau, 9 février 1807
Près de 50 000 tués ou blessés autour de lui. Amère victoire, remportée contre les Russes supérieurs en nombre et ce qui restait des Prussiens. Napoléon découvre le spectacle atroce, le lendemain. Il commande un tableau, dicte tout ce que le peintre doit faire passer. Le projet fait l’objet d’un concours. Pour la première fois, on voit Napoléon, bouleversé, entouré de ses généraux et s’inquiétant des soins apportés aux blessés, français ou ennemis. C’est naturellement un (admirable) tableau de propagande (signé Antoine-Jean Gros), mais le message est nouveau. Tout sera toujours contrôlé par l’Empereur, jusqu’au Mémorial de Sainte-Hélène (signé Las Cases), dernier monument élevé à sa mémoire.
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