Chamfort : « La société est composée de deux grandes classes... »

L’Histoire, ses acteurs, ses commentateurs, ne cessent d’opposer les riches et les pauvres - fin 2017, pour critiquer la politique (fiscale et financière) du Président des riches.

Cela remonte à l’Ancien Régime, pour aboutir à la Révolution, puis au socialisme des XIXe et XXe siècles. Quelques citations éclairent cette évolution, la parole étant donnée aussi à ceux qui la combattent pour diverses raisons.

« La société est composée de deux grandes classes : ceux qui ont plus de dîners que d’appétit et ceux qui ont plus d’appétit que de dîners. »984

Nicolas de CHAMFORT (1740-1794), Pensées, maximes et anecdotes (posthume, 1803)

Cette vérité, valable sans doute en tout temps et tout lieu, s’impose plus cruellement à la fin de l’Ancien Régime où les riches (privilégiés) se sont enrichis, sans que les pauvres (surimposés) aient eu leur juste part de la prospérité économique du pays. Peut-on y voir une amorce de la lutte des classes, au sens marxiste ?

Moraliste du siècle des Lumières, Chamfort va s’enthousiasmer pour la Révolution en 1789. On lui doit le slogan : « Guerre aux châteaux, paix aux chaumières. » La formule fera l’objet d’un décret à la Convention nationale, daté du 15 décembre 1792. Le 5 septembre 1793, autre décret dans la même logique : La Terreur est à l’ordre du jour.

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« Le peuple n’a guère d’esprit et les grands n’ont point d’âme : celui-là a un bon fond et n’a point de dehors ; ceux-ci n’ont que des dehors et qu’une simple superficie. »826

Jean de la BRUYÈRE, Les Caractères (1688)

Et de conclure : « Faut-il opter ? Je ne balance pas, je veux être peuple. » Mais il reste un courtisan. Premier styliste de notre littérature, moraliste et observateur des Mœurs du siècle (sous-titre des Caractères), il doit son succès à cette seule œuvre.

« La feinte charité du riche n’est en lui qu’un luxe de plus ; il nourrit les pauvres comme des chiens et des chevaux. »986

Jean-Jacques ROUSSEAU, Correspondance, à M. Moulton

Humilié dans ses divers postes de laquais et de gouverneur auprès de maîtres orgueilleux, Rousseau parle de ce qu’il sait et que les autres philosophes ignorent – Diderot excepté, qui connut aussi la pauvreté, avant de vivre en courtisan. Ce que Rousseau ne sera jamais.