« Nous ne manquerons plus de pain ! Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Révolution

Assemblée constituante (suite)

« Le boulanger, la boulangère et le petit mitron », otages du peuple de Paris.

Le peuple tient désormais le roi à sa merci au palais des Tuileries et profite du déménagement de l’Assemblée nationale - qui a également quitté Versailles - pour se mêler aux débats. Paris va désormais jouer le premier rôle dans le psychodrame révolutionnaire.

Mirabeau (malade) tente encore l’impossible pour sauver la monarchie et en tirer profit. La Fayette et Talleyrand sont dans le même camp (majoritaire) des monarchistes constitutionnels et modérés, mais la Révolution est en marche et la faiblesse de Louis XVI est connue de tous.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Nous ne manquerons plus de pain ! Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron. »1356

Cri et chant de victoire des femmes du peuple ramenant le roi, la reine et le dauphin, sur le chemin de Versailles à Paris, 6 octobre 1789

Histoire de la Révolution française (1847), Louis Blanc.

Épilogue des deux journées révolutionnaires. Les femmes venues la veille de Paris crient aujourd’hui victoire, puisque le roi a promis le pain aux Parisiens. En tant que « Père du peuple », il doit assurer la subsistance et le pain tient une grande part dans le budget des petites gens, d’où l’expression : boulanger, boulangère, petit mitron (…)

« C’est une fête pour les Parisiens de posséder enfin le roi. »1357

MARAT (1743-1793), L’Ami du peuple, 7 octobre 1789

On pourrait croire à une forme d’humour (…) En réalité, le mot « posséder » doit être pris au premier degré. On pourrait même dire que le roi ne s’appartient plus, devenu le sujet de ses sujets, qui ne veulent plus, quant à eux, rester les sujets, mais exigent tous les pouvoirs (…)

« Du temps de la Fronde, Paris n’est encore que la plus grande ville de France. En 1789, il est déjà la France même. »1358

Alexis de TOCQUEVILLE (1805-1859), L’Ancien Régime et la Révolution (1856)

La prise de la Bastille a replacé la capitale à la tête de la France et redonné au peuple parisien le premier rôle dans le psychodrame révolutionnaire. L’Assemblée constituante, qui a quitté Versailles et suivi la famille royale, siège à partir du 19 octobre à la salle du Manège, près du palais des Tuileries. Le peuple remplit les tribunes, perturbe les séances, intervient dans les débats (…)

« Je ne serai jamais la dénonciatrice de mes sujets : j’ai tout vu, tout su, tout oublié ! »1359

MARIE-ANTOINETTE (1755-1793). Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri-Robert

Attitude très digne de la reine, alors qu’on tente de faire la lumière sur les désordres lors des deux journées d’octobre (…) On inculpe le duc d’Orléans (premier prince du sang aux ambitions royales, futur Philippe Égalité) et son secrétaire Choderlos de Laclos (qui a envoyé sa maîtresse dans le cortège des femmes marchant sur Versailles). Les deux hommes s’enfuient à Londres (…)

« Repassez quand je serai ministre ! »1360

MIRABEAU (1749-1791), à ses créanciers. Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919 (1920), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac

Couvert de femmes et de dettes, aussi intelligent qu’ambitieux, il intrigue pour supplanter Necker et se voit déjà chef modérateur d’une Révolution qu’il faut savoir finir – grand dessein d’un certain nombre de révolutionnaires successifs. La première note secrète de Mirabeau à Louis XVI est datée du 15 octobre 1789. Il ne sera véritablement « acheté » qu’en mai 1790.

« Lorsque le roi brise son sceptre, ses serviteurs doivent briser leur épée ! »1361

MIRABEAU (1749-1791), 4 février 1790 à l’Assemblée

Le comte est furieux : Louis XVI vient d’accepter que les députés prêtent serment de fidélité à la nation, à la loi et – seulement après – au roi. Joignant le geste à la parole, il quitte la séance de la Constituante. Tout est lourd de symboles, dans cette histoire.

« Les droits des hommes étaient méconnus, insultés depuis des siècles ; ils ont été rétablis pour l’humanité entière. »1362

TALLEYRAND (1754-1838), Adresse solennelle aux Français, lue le 11 février 1790 à l’Assemblée

Député du clergé, lecteur des philosophes, noble acquis aux idées nouvelles et rallié au tiers état par opportunisme plus que par conviction, présentement dans le camp majoritaire des royalistes constitutionnels et lié à Mirabeau, Talleyrand joue déjà un rôle important : ainsi commence l’une des plus longues carrières politiques de l’histoire de France (…)

« Il ne se fait payer que dans le sens de ses convictions. »1363

LA FAYETTE (1757-1834) parlant de Mirabeau qui offre ses services au roi et à la reine, en mars 1790. Encyclopédie Larousse, article « Mirabeau (Honoré Gabriel Riqueti, comte de) »

« Mirabeau est vendu », disent ses adversaires. La Fayette est plus fair-play : la vénalité de Mirabeau ne se discute même pas, mais il s’en tient toujours à ses idées. Il tente de faire prendre à la Révolution un tournant à droite et manœuvre en secret pour sauver la monarchie. Il va donc offrir ses services au roi et à la reine – plus exactement, les vendre très cher (…)

« La Nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes et elle n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple. »1364

Déclaration de paix au monde, votée par la Constituante, 22 mai 1790

Ce décret appartient à la catégorie des vœux pieux. La Révolution, par la force des choses plus que la volonté des hommes, se révélera expansionniste, prosélyte, conquérante : engagée dans un conflit ininterrompu de 1792 à 1802, l’Empire continuant dans la même logique, de 1803 à 1815.

« La paix perpétuelle est un rêve et un rêve dangereux s’il entraîne la France à désarmer devant une Europe en armes. »1365

MIRABEAU (1749-1791), Constituante, 22 mai 1790

Le même jour, à l’Assemblée, l’orateur est lucide. L’idéologie n’a jamais aveuglé l’intelligence de ce personnage qui a plus d’opportunisme que de conviction.

« Ici commence le pays de la Liberté ! »1366

Inscription sur un drapeau français, planté sur le pont de Kehl à Strasbourg, 13 juin 1790. La France de l’Est (1917), Paul Vidal de La Blache

Des représentants d’Alsace, de Lorraine et de Franche-Comté, réunis en Fédération à Strasbourg, plantent sur le pont de Kehl un drapeau français, tricolore et symbolique, avec ces mots, manifestant l’adhésion de l’Alsace à la communauté nationale française (…) Les conséquences vont être immenses – une suite de guerres étalées sur vingt-trois ans (…)

« Le roi n’a qu’un homme, c’est sa femme. »1367

MIRABEAU (1749-1791). Marie-Antoinette, Correspondance, 1770-1793 (2005), Évelyne Lever

(…) Vérité connue de tous, éprouvée par Mirabeau devenu le conseiller secret de la couronne : il essaie donc de convaincre la reine avant le roi, dont la faiblesse, les hésitations, les retournements découragent les plus fervents défenseurs.

« Madame, la monarchie est sauvée. »1368

MIRABEAU (1749-1791), à la reine, Château de Saint-Cloud, 3 juillet 1790 (…)

Introduit à la cour (…) il a enfin réussi à persuader Marie-Antoinette par son éloquence. Une question se pose, sans réponse des historiens : croit-il vraiment que la monarchie peut être sauvée ? Cet homme si bien informé de tout s’illusionne-t-il encore sur les chances d’un régime condamné, mais qui peut du moins le sauver de ses créanciers ?

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