« Nous qui voulons toujours raison garder. »
(1268-1314), Lettre au roi d’Angleterre Édouard Ier, 1er septembre 1286
Histoire de la France (1947), André Maurois.
Il écrit ces mots à 18 ans, son destinataire en a 47. L’un des premiers actes du jeune roi est de rendre à son « cousin » une partie des terres lui revenant (entre Quercy, Limousin et Saintonge), au terme d’un précédent traité non appliqué. Le roi d’Angleterre, par ailleurs duc de Guyenne, est vassal du roi de France pour toutes ses possessions dans le pays, d’où des relations complexes – il faut ménager la susceptibilité de l’un ou l’autre souverain !
Cette lettre fait suite à la visite d’Édouard Ier venu à Paris rendre hommage à son suzerain, et à divers remous diplomatiques.
Le même précepte est repris par Philippe le Bel dans ses Enseignements aux dauphins. Et Richelieu dira plus tard : « La raison doit être la règle et conduite d’un État. »
Le proverbe reste, débarrassé du « nous » royal, mais gardant l’inversion quelque peu vieille France : « Il faut toujours raison garder. »
« Ce n’est ni un homme ni une bête, c’est une statue. »
Bernard SAISSET (vers 1232-vers 1311/1314), parlant de Philippe le Bel
L’évêque de Pamiers est ami du pape Boniface VIII, qui a créé cet évêché pour lui. Le portrait qu’il fait du roi, ennemi déclaré du pape, est fatalement partial.
Mais les adversaires de Philippe le Bel l’appelleront souvent « roi de fer » ou « roi de marbre », il doit donc y avoir une part de vérité dans ce portrait.
« [Interdiction] à quiconque […] d’oser faire sortir par terre ou par mer, personnellement ou par député, hors du royaume, l’or et l’argent sous quelque forme que ce soit, les armes, les chevaux ou toutes choses servant à la guerre. »
PHILIPPE IV le Bel (1268-1314), Ordonnance, 17 août 1296
Ce texte est l’ancêtre de tous les décrets sur le commerce extérieur et le contrôle des changes. La mesure prise répond à une nécessité impérieuse : le roi a grand besoin d’argent. Il fait la guerre à l’Angleterre, à la suite d’une querelle sur les zones de pêche, et à la Flandre son alliée. Or la guerre coûte cher.
« Cette victoire ne saurait être attribuée à aucun homme. Elle est l’oeuvre de Dieu. »
PHILIPPE IV le Bel (1268-1314), Mons-en-Pevèle, 10 août 1304
Le roi, à la tête de son armée, a triomphé de l’armée flamande, composée de 80 000 hommes commandés par Guillaume de Juliers et Jean de Namur. 6 000 Flamands restent sur le champ de bataille et Guillaume de Juliers est décapité, sa tête promenée devant la tente de Philippe : deux ans après, c’est la revanche sur le désastre de Courtrai.
« N’aurons-nous donc jamais fait [fini] ? Je crois qu’il pleut des Flamands ! »
PHILIPPE IV le Bel (1268-1314), Lille, automne 1304
Le roi de France, toujours menant ses troupes, renversé avec son cheval, a pu se dégager à coups de hache. Il met ensuite le siège devant Lille, et pousse cette exclamation, apprenant l’arrivée d’une nouvelle armée de 60 000 Flamands.
Plutôt que la poursuite de la guerre, il va choisir la diplomatie. Ce sera le traité d’Athis-sur-Orge (23 juin 1305) : les Flamands devront payer une lourde indemnité et démolir toutes leurs fortifications. En gage d’exécution de ces clauses, Philippe occupe Lille, Douai et Béthune. En 1312, les clauses du traité ne sont toujours pas exécutées : le roi annexe les trois villes à titre définitif, en vertu du traité de Pontoise, dit Transport de Flandre. Ainsi, le royaume s’agrandit.
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