« Ô République au front d’airain ! Ta justice doit être lasse : Au nom du peuple souverain, Pour la première fois, fais grâce ! »2175
(1821-1870), Les Journées de Juin (1848), chanson
Histoire de la Littérature Française depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours (1897), Frédéric Godefroy.
La Deuxième République est presque aussi impitoyable que la première – en l’occurrence, la Révolution qui avait mis la Terreur à l’ordre du jour en 1793 et guillotinait systématiquement ses « ennemis ».
Suite à la fermeture des Ateliers nationaux qui met sur le pavé tous les chômeurs, l’insurrection parisienne (23-26 juin 1848) est durement réprimée par le général Cavaignac qui a les pleins pouvoirs : plus de 5 000 morts, et la même violence du « bonnet de coton » (bourgeois) et du « bonnet rouge » (émeutiers).
Cette chanson est en fait une prière pour la conciliation devenue impossible, signée d’un chansonnier politique, d’inspiration républicaine et socialiste, très populaire dans les clubs où il se produit. Le coup d’État de 1851 le condamnera à une semi-retraite, avant sa reconversion dans la chanson rustique.
« Ce gouvernement, je le caractérise d’un mot : la police partout, la justice nulle part. »2211
Victor HUGO (1802-1885), Assemblée législative, avril 1851
L’Évolution de la pensée politique et sociale de Victor Hugo (1973), Michel Granet
Le parti de l’Ordre est devenu impopulaire par ses lois trop réactionnaires, sous la Deuxième République. Les monarchistes sont divisés sur le nom d’un candidat, après la mort de Louis-Philippe (26 août 1850). Louis-Napoléon Bonaparte se pose en homme providentiel et sait se rallier un nombre grandissant de partisans.
Hugo avait mis son journal, L’Événement, au service de sa candidature. Il est désormais son principal opposant. Le libéral en lui est révolté : le président de la République manipule l’opinion et exploite à son profit la peur – peur de la révolution, peur d’un vaste complot démocratique. Des troubles dans le pays affolent le bourgeois. Le coup d’État du 2 décembre 1851 va mener au Second Empire de Napoléon III.
« Aujourd’hui, la vérité ayant vaincu, la justice régnant enfin, je renais, je rentre et reprends ma place sur la terre française. »2524
Émile ZOLA (1840-1902), L’Aurore, 5 juin 1899
Épilogue heureux de l’Affaire Dreyfus, sous la Troisième République.
Zola s’engage avec courage le 13 janvier 1890, lançant son célèbre : « J’accuse. » : il accuse deux ministres de la Guerre, les principaux officiers de l’état-major et les experts en écriture d’avoir « mené dans la presse une campagne abominable pour égarer l’opinion », et le Conseil de guerre qui a condamné Dreyfus, d’« avoir violé le droit en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète ».
Le feuilleton judiciaire divise profondément le pays et son armée, avive les haines, conforte l’Action Française et la droite nationaliste, mais resserre aussi les rangs de la gauche. Le ministre de la Guerre intente au célèbre écrivain un procès en diffamation. Condamné à un an de prison, il a déjà fui en Angleterre.
Le 3 juin 1899, la Cour de cassation, toutes Chambres réunies, s’est donc prononcée pour « l’annulation du jugement de condamnation rendu le 22 décembre 1894 contre Alfred Dreyfus ». Dreyfus a été sauvé par les « dreyfusards » ou « révisionnistes » : gracié par le président de la République, il sera réintégré dans l’armée en 1906. Et Zola reste comme l’un des premiers « intellectuels engagés ».
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