Napoléon : Empire et sacre, le pouvoir absolu. Ambition, soif de pouvoir, besoin de conquête.
La France devient fièrement napoléonienne, tout comme elle a été révolutionnaire. Passionnément, massivement (par plébiscite), avant de contester, de voir la course à l’abîme.
« On couronn’Napoléon Empereur de ce bel Empire. Ça nous promet pour l’av’nir Ben du bonheur et du plaisir. »1800
Le Sacre de Napoléon, chanson
Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier.
On chante à la gloire du grand homme, au front si couvert de lauriers que c’est à peine si on peut trouver « un petit coin pour y placer la couronne » ! Une certaine ironie commence à poindre. Humour à la française.
Toutes ces « vieilles chansons françaises », la plupart anonymes, sont encore chantées, diffusées sur l’Internet, ce qui montre, d’une certaine manière, leur qualité, leur originalité, mais aussi le goût des Français pour l’histoire.
« Je n’ai pas succédé à Louis XVI, mais à Charlemagne. »1799
Le Sacre de Napoléon, chanson
Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier
À peine couronné empereur des Français par le pape, il dévoile sa véritable ambition, le titre d’empereur d’Occident à la tête du Grand Empire. Le 7 septembre, résidant à Aix-la-Chapelle, il s’est recueilli devant le tombeau de Charlemagne, il a ordonné une procession solennelle avec tous les symboles impériaux (couronne, épée, main de justice, globe, éperons d’or). Et le sacre se tient à Paris, non pas à Reims, comme de tradition pour les rois de France.
« Il ne rêvait certainement pas d’un empire unitaire, mais d’une confédération d’États : il parlera, un jour, des États-Unis d’Europe » (Louis Madelin, Histoire du Consulat et de l’Empire : vers l’empire d’Occident).
« Il faut que je fasse de tous les peuples de l’Europe un même peuple et de Paris la capitale du monde. »1849
NAPOLÉON Ier (1769-1821), fin 1810, à son ministre Fouché
Histoire du Consulat et de l’Empire (1974), Louis Madelin
C’est le rêve européen, plus tenaillant que jamais. « Ma destinée n’est pas accomplie ; je veux achever ce qui n’est qu’ébauché ; il me faut un code européen, une Cour de cassation européenne, une même monnaie, les mêmes poids et mesures, les mêmes lois… » Les historiens s’interrogent aujourd’hui encore : impérialiste à l’état pur et avide de conquêtes, patriote français voulant agrandir son pays, ou unificateur de l’Europe en avance sur l’histoire ?
Napoléon s’identifie toujours à Charlemagne, mais le temps n’est plus à ce genre d’empire, les peuples sont devenus des nations, la Révolution de 1789 leur a parlé de Liberté. Il invoque un autre modèle historique : « Les Romains donnaient leurs lois à leurs alliés ; pourquoi la France ne ferait-elle pas adopter les siennes ? » Le Code Napoléon (autre nom du Code civil) s’applique à tout l’Empire, depuis 1807. Et nombre de pays l’adopteront de leur plein gré.
Mais… il faut toujours contextualiser une citation : quand Napoléon parle ainsi à Fouché, c’est pour défendre son idée d’envahir la Russie.
Fouché est contre cette nouvelle campagne qui sera catastrophique, en 1812. Il voit plus clair que l’empereur qui ne lui pardonnera pas cette lucidité. Même chose avec Talleyrand.
« L’ogre corse sous qui nous sommes, / Cherchant toujours nouveaux exploits,
Mange par an deux cent mille hommes / Et va partout chiant des rois. »1765Pamphlet anonyme contre Napoléon
Encyclopædia Universalis, article « Premier Empire »
De nombreux pamphlets contribuent à diffuser la légende noire de l’Ogre de Corse, contre la légende dorée de la propagande impériale.
Les rois imposés par l’empereur sont nombreux, pris dans sa famille ou parmi ses généraux : rois de Naples, d’Espagne, de Suède, de Hollande, de Westphalie. Royautés parfois éphémères, souvent mal acceptées des populations libérées ou conquises – la guerre d’Espagne sera particulièrement sanglante, avec l’insurrection du Dos de Mayo (2 mai 1808), immortalisée par Goya. « Tu régneras en Espagne, mais sur les Espagnols, jamais ! » Cri du peuple de Madrid.
Au final, les historiens estimeront à un million les morts de la Grande Armée, « cette légendaire machine de guerre » commandée par Napoléon en personne.
Pour aller plus loin :
- Napoléon dans notre indexation (45 références)
- Napoléon : « Nous avons fini le roman de la Révolution… »
- Napoléon : « Soldats ! Vous allez entreprendre une conquête… »
- Alexandre Ier : « Cet homme est insatiable… »
- Napoléon : « Français ! […] j’arrive parmi vous reprendre mes droits qui sont les vôtres. »
- Lamartine : « Je ne suis pas de cette religion napoléonienne… »
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