« On veut nous attendrir, Messieurs, en faveur du sang qui a été versé hier à Paris : ce sang était-il donc si pur ? »
(1761-1793), Constituante, 23 juillet 1789
Les Martyrs de septembre (1919), Henri Welschinger.
Avocat et député du tiers, emporté dans son élan, il a ce mot malheureux au lendemain du massacre de Foullon et Berthier – dans des conditions de sauvagerie extrême, contre Foullon, vieillard de 75 ans, pendu trois fois à la lanterne (la corde cassait toujours), puis décapité dans l’hystérie générale. Suite au supplice, sa tête au bout d’une pique sera exhibée devant Berthier (innocent) bientôt massacré, son cœur arraché de sa poitrine et porté devant Bailly, qui s’en évanouit. La Fayette, écœuré, démissionne.
Mais le député exprime une idée courante à l’époque : les violences de la Révolution en marche sont justifiées par celles de l’Ancien Régime en déclin.
Ajoutons, pour la mémoire de Barnave, que ce monarchiste constitutionnel, membre du club des Feuillants, est un libéral et un modéré qui va le payer de sa vie, sous la Terreur.
« Si Louis XVI avait su profiter de la Fédération, nous étions perdus. »
Antoine BARNAVE (1761-1793). La Chute de l’Ancienne France, La Fédération (1896), Marius Cyrille Alphonse Sepet
Le pilier du club des Jacobins, patriote d’ailleurs modéré parmi les révolutionnaires, s’oppose alors aux deux députés cherchant toujours à concilier Révolution et royauté : Mirabeau et La Fayette.
Cette Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 est aussi le plus grand jour de gloire pour le général La Fayette : on baise ses mains et même la croupe de son cheval, on frappera des médailles à son effigie. Pourtant, Mirabeau déteste ce « maire du palais », il le traite de « Gilles-César », de « sous-grandhomme », et Marat de « faux ami du peuple ».
« Au moment où la nation est libre, où tous les Français sont égaux, vouloir davantage, c’est vouloir commencer à cesser d’être libres et devenir coupables. »
Antoine BARNAVE (1761-1793), Constituante, 16 juillet 1791. Histoire de la Révolution de France (1801), Bertrand de Moleville
Le triumvirat qu’il forme avec deux autres députés (du Port et de Lameth) assure le gouvernement. Mais la Constituante n’est solide que si le roi est là.
Comme d’autres modérés, Barnave veut donc empêcher les républicains de le déposer après la fuite de Varennes. La veille, la commission d’enquête a remis son rapport sur la fuite du roi : la thèse de l’enlèvement prévaut, seuls les organisateurs et les exécutants sont coupables. C’est un déni de réalité trop flagrant…
Louis XVI sera maintenu, mais reste suspendu jusqu’au vote de la nouvelle constitution.
Les républicains refusent cette décision et s’agitent, au sein des clubs (Jacobins et Cordeliers). Ils décident de présenter à l’Assemblée deux pétitions, pour exiger la déchéance du roi, et son jugement. Les Cordeliers (Danton en tête) appellent plus que jamais le peuple à manifester au Champ de Mars pour la République, le 17 juillet.
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