« Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! Noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ! Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ! »
(1732-1799), Le Mariage de Figaro (1784)
L’apostrophe, signée Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, apparaît déjà révolutionnaire avant la Révolution, et l’œuvre longtemps censurée connaîtra un immense succès, pour ses vertus polémiques autant que dramatiques.
« Un Grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal. »
BEAUMARCHAIS (1732-1799), Le Barbier de Séville (1775)
Sa vie fut un roman, celle d’un aventurier, libertin, parvenu, trafiquant d’armes, très représentatif de cette période de fermentation sociale qui précède la Révolution. Fils d’un horloger, professeur de harpe des filles de Louis XV, puis juge des délits de braconnage sur les terres royales, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais est introduit dans le monde de la finance. Un procès l’oppose à un Grand (le comte de La Blache) et lui vaut une notoriété subite, en lui offrant l’occasion de dénoncer publiquement la vénalité d’un de ses juges.
Cette version du Barbier remporte un succès immédiat : premier acte théâtral véritablement prérévolutionnaire, en attendant la suite, Le Mariage…
En 1777, Beaumarchais invente la « grève de la plume », mobilise ses confrères et crée la première société d’auteurs au monde, pour la défense des intérêts d’une corporation jusqu’alors exploitée par les Comédiens-Français. C’est dire comme ce personnage combattant agit et innove sur tous les terrains.
« Pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. »
(1732-1799), Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée (1784)
La censure royale a remplacé la censure religieuse de la Sorbonne au XVIIe siècle : 79 censeurs ont charge d’autoriser ou d’interdire livres ou pièces, selon leur moralité. La censure inquiétera plus ou moins tous les philosophes, qui iront se faire éditer en Suisse, Hollande, Angleterre. Abolie par la Révolution, rétablie en 1797, de nouveau abolie, rétablie, etc., ce sera une longue histoire dans l’histoire, jusqu’au début du XXe siècle. Le théâtre, spectacle public, est exposé plus encore que le livre aux foudres ou aux tracasseries d’Anastasie aux grands ciseaux. Il est normal que Beaumarchais en traite, pour s’en moquer. En tout cas, l’auteur a écrit là son chef-d’oeuvre.
« Il y a quelque chose de plus fou que ma pièce, c’est son succès ! »
BEAUMARCHAIS, suite au triomphe du Mariage, créé à la Comédie-Française, 1784
Sous-titré La Folle Journée, joué plus de cent fois de suite - un record, à l’époque. Mozart en fait aussitôt un opera buffa de génie : Les Noces de Figaro.
« Le mur murant Paris rend Paris murmurant. »
Alexandrin cité par beaumarchais évoquant l’impopularité du mur en 1785, au point d’en faire une des causes de la Révolution
C’est le mur des Fermiers généraux, enceinte de 24 km qui ménage une soixantaine de passages dont Paris garde aujourd’hui quelques traces.
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