6e jour. Seconde Guerre mondiale. Pétain, héros de la Grande Guerre, appelle à cesser le combat le 17 juin 1940. Il établit sa capitale provisoire à Vichy, en juillet. Chef de l’État français qui n’est plus une République, ce « président uchronique » a reçu les pleins pouvoirs des Chambres voyant en lui le seul recours - la majorité du pays pense de même. La trilogie « travail, famille, patrie » remplace la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité ».
« J’ai été avec vous dans les jours glorieux. Chef du gouvernement, je suis et je resterai avec vous dans les jours sombres. Soyez à mes côtés. Le combat reste le même. Il s’agit de la France, de son sol, de ses fils. »2757
(1856-1951), Conclusion de l’appel lancé à la radio, 20 juin 1940
Pétain et les Allemands (1997), Jacques Le Groignec.
Nommé d’abord président du Conseil des ministres par le président de la République Albert Lebrun, il rallie à sa personne – et au symbole qu’elle incarne – l’immense majorité du pays après la débâcle du printemps 1940. Le héros qui a sauvé la France à Verdun n’est-il pas le seul recours pouvant lui éviter à présent le pire ?
Dès le 17 juin, il parlait à la radio : « Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. » Et s’adressant aux troupes, du moins à ce qu’il en reste : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. »
Pétain dénonce les causes de la défaite et son constat n’est pas discutable : « Trop peu d’enfants, trop peu d’armes, trop peu d’alliés. » Tel un père sévère, le vieux maréchal (84 ans) fait aussi la morale : « Depuis la victoire [de 1918], l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort. »
L’armistice sera signé le 22 juin, à Rethondes, très symboliquement dans le wagon où le maréchal Foch imposa à l’Allemagne vaincue les clauses de l’armistice du 11 novembre 1918. Il prend effet le 25.
Parallèlement, l’autre voix de la France, celle du général de Gaulle, a lancé l’Appel du 18 juin pour la résistance, dans une Angleterre qui continue la guerre. Mais son audience est encore dérisoire.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Vous avez souffert. Vous souffrirez encore […] Votre vie sera dure. Ce n’est pas moi qui vous bercerai de paroles trompeuses. »2759
PÉTAIN, Discours du 25 juin 1940
Il annonce les conditions de l’armistice : pays divisé en zone occupée par les Allemands et zone dite libre, administrée par Pétain ; entretien des troupes d’occupation (400 millions de francs par jour) ; armée démobilisée.
« Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la Patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c’est une portion de la France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c’est une portion de France qui renaît. »2760
PÉTAIN, Discours du 25 juin 1940
Le chef de l’État pose les bases d’un « ordre nouveau ». La révolution nationale du régime de Vichy tient dans la loi constitutionnelle du 10 juillet : « Cette Constitution doit garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. »
« J’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration. »2772
PÉTAIN, Annonce faite aux Français, 30 octobre 1940
Il en prend la responsabilité : « Cette politique est la mienne, c’est moi seul que l’histoire jugera. » Il accentue la division des Français : collaborateurs dans la voie de la collaboration et résistants dans celle de la Résistance.
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