« Ô Paris qui n’est plus Paris, mais une spélonque [antre] de bêtes farouches, une citadelle d’Espagnols, Wallons et Napolitains, un asile et sûre retraite de voleurs, meurtriers et assassinateurs, ne veux-tu jamais te ressentir de ta dignité et te souvenir qui tu as été, au prix de ce que tu es ! »613
(1539-1596), Harangue de M. d’Aubray. La Satire Ménippée (1594)
Passage le plus célèbre de ce pamphlet écrit pour soutenir Henri IV contre les extrémistes catholiques. Le roi a hérité en 1589 d’une capitale aux mains des Ligueurs qui font régner la terreur, et des Habsbourg qui ont des ambitions dynastiques sur la France.
La Satire Ménippée, œuvre composite en forme de feuilleton satirique, emprunte au génie rabelaisien sa verve gauloise, mais sans excès, pour ne pas choquer la bonne bourgeoisie française. Il faut la convaincre de se ranger au côté des Politiques, ces nouveaux modérés. La conversion d’Henri IV va tout arranger.
« Sire, il ne faut plus tortignonner […] Avisez de choisir… »622
SULLY (1560-1641), à Henri IV, mars 1593
La Monarchie française, 1515-1715, du roi-chevalier au Roi-Soleil (1971), Philippe Erlanger
Sully, l’un des plus anciens compagnons d’Henri IV, ingénieur militaire, blessé à la bataille d’Ivry, conseiller très écouté, rappelle l’évidence au roi (protestant) qui tortignonne, hésite à choisir : « … ou de complaire à vos prophètes de Gascogne et retourner courir le guilledou en nous faisant jouer à sauve qui peut, ou de vaincre la Ligue qui ne craint rien de vous tant que la conversion, gagnant plus en une heure de messe que vous ne feriez en vingt batailles gagnées et en vingt années de périls et de labeurs. »
Le duc de Sully parle ici en sage politique, étant lui-même protestant. Il sait que la conversion au catholicisme est la seule solution à cette guerre de Religion qui épuise les deux partis et semble sans issue militaire. Autrement dit : « La couronne vaut bien une messe. » Henri IV fait annoncer sa prochaine conversion-abjuration par l’archevêque de Bourges, le 17 mai 1593.
« Partout ils mettent la cupidité à la place de l’amour de la patrie et leurs ridicules superstitions à la place de la raison : aussi je me demande s’il ne conviendrait pas de s’occuper d’une régénération guillotinière à leur égard. »1567
Marc Antoine BAUDOT (1765-1836). Les Cahiers bourbonnais (1989)
La Révolution vit à présent sous le signe des Jacobins. Malgré le décret d’émancipation (1791) qui fit des Juifs des citoyens semblables aux autres, ils sont visés par cette « régénération guillotinière ».
Ces mots qui font froid dans le dos concernent des centaines de milliers d’autres suspects. Et ce n’est pas qu’une façon de parler ! La guillotine coupe les têtes avant même que la Terreur soit mise à l’ordre du jour par décret (5 septembre 1793). Le député Baudot parle et pense comme tous les Marat, Hebert et autre sans-culotte. Robespierre et Saint-Just ne seront pas moins motivés dans leur ardeur révolutionnaire, avant d’être à leur tour victimes de la réaction, au coup d’État du 9 Thermidor (27 juillet 1794).
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