« Plus j’y réfléchis, plus je reste convaincu que je suis dans mon droit et que c’est le seul moyen de salut. »
(1757-1836), au Conseil des ministres, s’apprêtant à signer les quatre ordonnances de Saint-Cloud du 25 juillet 1830
Histoire du gouvernement parlementaire en France, 1814-1848, volume X (1871), Prosper Duvergier de Hauranne.
L’opposition, forte de sa tactique unitaire, a triomphé aux élections des 23 juin et 3 juillet : 274 élus contre 143 candidats du ministère.
Charles X, par ordonnance et comme le lui permet la Charte, dissout la nouvelle Chambre et fixe la date des prochaines élections à septembre. Par ailleurs, il modifie la loi électorale dans un sens plus restrictif – en élevant encore le cens, il élimine la bourgeoisie du corps électoral. Et il suspend la liberté de la presse – en rétablissant la censure et l’autorisation ministérielle préalable.
« Enfin, vous régnez ! Mon fils vous devra sa couronne. »
Duchesse de BERRY (1798-1870), à Charles X, 26 juillet 1830
Mère de l’« enfant du miracle », fils posthume du duc de Berry assassiné en 1820, elle vient de lire dans Le Moniteur du 26 juillet le texte des quatre ordonnances – qualifiées de scélérates par l’opposition majoritaire. Cette bombe ultra va déclencher le lendemain la révolution des Trois Glorieuses (journées des 27, 28, 29 juillet) et la fin du règne des Bourbons !
« Ils sont perdus. Ils ne connaissent ni le pays ni le temps. Ils vivent en dehors du monde et du siècle ! »
Maréchal de MARMONT (1774-1852), à la tête des troupes royales, 26 juillet 1830
Maréchal d’Empire, excellent militaire injustement accusé de trahison en avril 1814, nommé pair de France par Louis XVIII, il dirige à présent les troupes royales à Paris, soit 10 000 hommes, face aux 25 000 insurgés : 20 000 membres de la garde nationale, dissoute en juillet 1827, mais qui ont gardé leurs armes, et 5 000 républicains qui ont pillé les armureries.
« Le régime légal est interrompu, celui de la force a commencé […] L’obéissance cesse d’être un devoir. »
Le National, 26 juillet 1830
Ce journal parisien d’opposition constitutionnelle, fondé par Thiers, Mignet et Carrel en janvier 1830, est financé par le banquier Jacques Laffitte, député libéral dont l’hôtel est l’un des principaux foyers de l’insurrection de juillet. Les trois journalistes dénoncent l’illégalité des ordonnances.
Le lendemain 27 juillet, les journaux interdits paraissent, mais sont saisis. C’est la première des « Trois Glorieuses ». Paris se soulève : d’abord les ouvriers typographes réduits au chômage et les étudiants, puis le mouvement s’étend, le peuple du faubourg Saint-Antoine marche sur l’Hôtel de Ville, bientôt le Louvre, les Tuileries. Les troupes de Marmont sont dépassées.
« Les révolutions sont de magnifiques improvisatrices. Un peu échevelées quelquefois. »
Victor HUGO (1802-1885), Choses vues, 1830 (posthume)
Avec lui, tous les jeunes romantiques se retrouvent dans l’opposition. Hugo a 28 ans. C’est l’un des plus ardents. Et c’est le début d’une belle et longue vie politique, menée parallèlement à sa carrière littéraire. On peut le comparer à Chateaubriand, son modèle proclamé : « Je veux être Chateaubriand ou rien » (Lettre de 1821).
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