Louis XV le Bien-Aimé n’aime pas vraiment son métier de roi et le peuple n’aime plus du tout son roi qui étale ses amours, leur accorde trop de temps et d’argent.
Le Siècle des Lumières voit naître une opinion publique nourrie aussi des « basses lumières », qui déjoue la censure, s’exprime clairement et ne respecte plus la monarchie.
« Après nous, le déluge. »1151
(1721-1764), à Louis XV, fin 1757
Dictionnaire des citations françaises et étrangères, Larousse.
Elle tente de réconforter le roi, de nature mélancolique, fort affecté par la défaite de son favori Soubise et de son armée à Rossbach, le 5 novembre. « Il ne faut point vous affliger : vous tomberiez malade. Après nous, le déluge ! »
« Les grands seigneurs s’avilissent, / Les financiers s’enrichissent,
Tous les Poissons s’agrandissent. / C’est le règne des vauriens. »1162Poissonnade, attribuée à Pont-de-Veyle (1697-1774)
Les poissonnades fleurissent, comme jadis les mazarinades. Le peuple supporte mal le luxe qui s’étale à la cour où règne la Pompadour, mais s’affiche aussi dans des milieux prospères et âpres au gain, chez les aristocrates et les bourgeois.
La personne du roi est également attaquée. Les cabales se multiplient. Le lieutenant de police avoue son impuissance à traquer les responsables : « Je connais Paris autant qu’on peut le connaître. Mais je ne connais pas Versailles. »
« La marquise n’aura pas beau temps pour son voyage. »1173
LOUIS XV (1710-1774), voyant le cortège funèbre de sa favorite quitter Versailles sous la pluie battante, 17 avril 1764
Mot souvent cité, jusque dans les dictionnaires historiques anglo-saxons. Preuve de la notoriété des deux personnages. Mais l’histoire est injuste, en citant ces mots « à charge ». Son valet de chambre, Champlost, évoque la scène et témoigne d’une peine réelle. Louis XV se mit sur le balcon malgré l’orage, nue tête, pleura et murmura ainsi découvert : « Voilà les seuls devoirs que j’ai pu lui rendre. Une amie de vingt ans. » Selon d’autres témoins, le roi fut seulement indifférent, et la reine elle-même en fut choquée, car elle aimait bien la marquise.
Mme de Pompadour est morte d’épuisement à 42 ans. Cardiaque, d’une maigreur mal dissimulée sous la toilette, elle continuait sa vie trépidante, les courants d’air de Versailles ont aggravé sa congestion pulmonaire. Dernière faveur du roi, il lui a permis de mourir au château – privilège des rois et princes du sang. Sitôt après, le cortège devait quitter les lieux.
« Ci-gît qui fut vingt ans pucelle / Sept ans catin et huit ans maquerelle. »1175
Épitaphe satirique de la marquise de Pompadour
La mode est aux épitaphes satiriques et après le flot des poissonnades, on ne va pas rater cette ultime occasion de brocarder l’une des favorites les plus détestées dans l’histoire : c’est un méchant résumé de sa vie.
« Oh ! la belle statue ! oh ! le beau piédestal ! / Les Vertus sont à pied et le Vice à cheval. »1177
Vers anonymes écrits sur le socle de la statue équestre de Louis XV (1765), place Louis XV (aujourd’hui place de la Concorde)
Statue entourée de quatre figures symbolisant les vertus. Entre la Pompadour et la du Barry, favorites officielles, le Bien-Aimé dispose de très jeunes demoiselles, abritées dans le Parc-aux-Cerfs à Versailles, fournies par des parents consentants, ignorant elles-mêmes l’identité de leur royal amant et mariées à des courtisans sitôt qu’engrossées. Dit-on. La marquise de Pompadour, maquerelle vigilante, veillait à ce que le roi ne s’attache durablement à aucune. Disait-on aussi. Règne de toutes les rumeurs : la vie amoureuse de ce roi très sensuel et à présent haï est un sujet de choix.
« Eh ! la France, ton café fout le camp. »1185
Comtesse DU BARRY (1743-1793), s’adressant à Louis XV
Nouvelle favorite depuis 1768. Le roi vieillissant, toujours séducteur, encore séduisant, est sitôt charmé par sa joie de vivre et ses 25 ans. Jeanne Bécu a beaucoup « vécu », avant de se retrouver au centre des intrigues de la cour. Son éducation chez les sœurs ne l’a pas débarrassée d’un parler peu protocolaire et les courtisans collectionnent les perles pour se moquer de cette fausse noble. Ainsi, elle traitait le roi comme un valet de comédie, l’appelant « la France » et le tutoyant. Occupée à se poser des mouches devant sa psyché quand l’eau gicla sur le feu, elle aurait crié la fameuse phrase.
Méprisée ouvertement du vivant du roi, chassée de la cour à sa mort, exilée dans sa propriété de Louveciennes, elle sera rattrapée par l’histoire sous la Révolution, jugée comme conspiratrice contre la République et guillotinée sous la Terreur.
« Ami des propos libertins, / Buveur fameux, et roi célèbre
Par la chasse et par les catins : / Voilà ton oraison funèbre. »1195Chanson à la mort de Louis XV (1774)
« On l’enterra promptement et sans la moindre escorte ; son corps passa vers minuit par le bois de Boulogne pour aller à Saint-Denis. À son passage, des cris de dérision ont été entendus : on répétait « taïaut ! taïaut ! » comme lorsqu’on voit un cerf, et sur le ton ridicule dont il avait coutume de le prononcer » (Lettre de la comtesse de Boufflers).
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