Les élections, pour ou contre, pourquoi et comment ?
Retour à l’actualité politique, sous le signe des élections. Le public se passionne, l’opinion débat, mais le citoyen doute. Tout se joue dans une alternance entre enthousiasme et désillusion, aujourd’hui comme hier. Voilà ce que nous dit l’Histoire en citations, source de références incontournables et originales.
Électeurs (et élection). Entre passion citoyenne et manipulation politicienne.
« Tout Français est électeur, Quel bonheur ! moi, tailleur, Toi, doreur, lui, paveur, Nous v’là z’au rang d’homme […] Faut savoir c’qu’on nomme. Sachons bien, sachons bien Élire un homme de bien, Craignons bien, craignons bien D’prendre un propre à rien. »2157
(1816-1887), Le Vote universel (1848), chanson
Chansons nationales et populaires de France (1866), Théophile Marion Dumersan, Noël Ségur.
« … Faut savoir c’qu’on nomme. / Sachons bien, sachons bien / Élire un homme de bien, / Craignons bien, craignons bien / D’prendre un propre à rien. » On sent déjà la « fibre politique » de l’auteur d’un chant célèbre : L’Internationale.
Deuxième République. Le peuple fête le rétablissement du suffrage universel (5 mars 1848). C’est la fin des abus du régime censitaire, mais aussi le début d’une course aux suffrages qui va défavoriser la gauche. Le principe n’en reste pas moins très populaire. Sur 9 millions d’électeurs, il y aura 86 % de votants.
Hymne au suffrage universel, mais femmes exclues… Comme sous la Révolution de 1789 et sa Première République - nous reviendrons sur ce déni démocratique et sexiste. Après la révolution (février) qui met fin à la Monarchie de Juillet, la nouvelle République suscite tous les espoirs du peuple.
La stratégie de la plupart des hommes politiques n’a rien à voir avec cet idéal patriotique. Voici quelques aveux amusants, glanés sur deux siècles.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Pour être libres, les électeurs ont besoin d’être éclairés par le préfet. Désignez hautement, comme dans les élections précédentes, les candidats qui inspirent le plus de confiance au gouvernement. »2285
Duc de PERSIGNY, ministre de l’Intérieur, Lettre aux préfets, 8 mai 1863
Second Empire. Ces consignes pour le renouvellement du Corps législatif montrent que le candidat officiel reste une institution sacrée. Malgré le « demi-tour à gauche », rien n’a changé depuis 1857 : « Le gouvernement veut le triomphe de ses candidats, comme Dieu veut le triomphe du bien, laissant à chacun la liberté du mal » (préfet de Dordogne).
« Ce qu’il nous faut, ce sont des électeurs. Mais des militants, point du tout. Il n’y a rien de plus em… que les militants. »2648
Marquis de MOUSTIER, La France et les Français en 1938-1939 (1978), René Rémond, Janine Bourdin
Troisième République, entre-deux-guerres. Parole de sénateur libéral. La Fédération républicaine, partagée entre ses divers courants de droite, reste un parti de notables et de cadres qui se méfie des militants et refuse d’enrégimenter les électeurs. Elle se différencie de l’Action française, antirépublicaine et militante, et du Parti communiste à gauche.
« Dans une campagne, il faut aller chercher les électeurs avec les dents. »3307
CHIRAC, Le Dauphin et le régent (1994), Catherine Nay
Métaphore carnassière, reprise en son temps par Sarkozy. Chirac le battant annonce sa candidature à la présidentielle de 1995 dès novembre 1994, devançant Balladur (Premier ministre de Mitterrand), favori des sondages à droite. Tous les moyens sont bons, d’ailleurs « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ».
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