On ne cesse de réécrire l’histoire de cette période complexe. La France lui doit son Paris haussmannien, une diplomatie habile et une politique extérieure gagnante, mais l’opposition se renforce avec le libéralisme politique et le pouvoir sous-estime le danger de la Prusse.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Qu’est-ce que Paris ? Qu’est-ce que la France ? Imaginez un champ. Au lieu de l’ensemencer dans toute son étendue, on s’est avisé d’entasser la semence en un point où elle risque de ne pas germer précisément parce qu’elle y est entassée. Ce champ, c’est la France, ce point, c’est Paris. »2241
(1811-1882), Histoire de la révolution de 1848, volume II (1871)
Paris grandit, Paris s’embellit sous le Second Empire : Haussmann, préfet pendant dix-sept ans, débordant d’énergie et d’activité, taille et retaille la capitale à coups de pioches et de millions. Mais les témoins de l’époque n’admirent pas tous ces travaux, et s’inquiètent – déjà – de l’excessive centralisation, qui est un mal bien français. L’afflux des ruraux là où le travail existe – dans les grands centres urbains et industriels – est encore facilité à Paris par le réseau de voies ferrées en étoile, qui toutes convergent vers la capitale. Ce n’est pas encore le « désert français » de 1945, mais les statistiques pouvaient affoler les observateurs : 547 000 habitants en 1801 à Paris, 1 054 000 en 1846, 1 800 000 en 1871 : « La centralisation, c’est l’apoplexie au centre, la paralysie aux extrémités » (Lamennais).
« [La France] la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l’Europe, et la mieux faite pour y devenir tour à tour un objet d’admiration, de haine, de pitié, de terreur, mais jamais d’indifférence. »2242
Alexis de TOCQUEVILLE (1805-1859), L’Ancien Régime et la Révolution (1856)
Renonçant à la carrière politique après le coup d’État du 2 décembre 1851, Tocqueville sera l’un des grands historiens et penseurs du siècle. La politique extérieure de Napoléon a deux buts : d’abord rassurer et se faire accepter des cours européennes pour qui le Premier Empire reste un mauvais souvenir ; ensuite jouer un rôle de grande puissance mondiale pour des raisons de commerce aussi bien que de prestige. Mais face à l’Allemagne, ni la diplomatie ni l’armée française ne pourront rien.
« Cette fois, sur mer et sur terre,
Les Cosaques, nous les tenons !
La France est avec l’Angleterre,
Le Droit est avec nos canons. »2261Pierre DUPONT (1821-1870), La Nouvelle Alliance, chanson. Muse populaire : chants et poésies (1875), Pierre Dupont
Le propos plaît aux républicains : il est dirigé contre le tsar qui opprime la Pologne. Il plaît aussi aux catholiques : la France va protéger les Lieux saints. En fait, Napoléon III saute sur l’occasion de défaire la coalition européenne défensive née à son arrivée au pouvoir, choisissant l’alliance avec l’Angleterre – un pays qu’il admire. Pacte conclu le 12 mars 1854. Guerre déclarée à la Russie le 27 mai et débarquement en Crimée (…)
« La France, sans froisser les droits de personne, a repris dans le monde la place qui lui convenait. »2268
Comte WALEWSKI (1810-1868), ministre des Affaires étrangères, présidant le Congrès de la paix qui s’ouvre à Paris, le 25 février 1856. Histoire de la France : les temps nouveaux, de 1852 à nos jours (1972), Georges Duby
Il parle au nom de l’empereur, dans le décor rouge et or d’un quai d’Orsay flambant neuf. Quarante ans après le Congrès de Vienne et au terme de la guerre de Crimée, c’est la revanche de la France et la défaite d’une Russie expansionniste : neutralité de la mer Noire, intégrité territoriale garantie à la Turquie, prépondérance reconnue à la France en Europe. En prime, les provinces serbes et roumaines gagnent leur autonomie, face à la Turquie : victoire personnelle pour Napoléon III, qui se pose et s’impose en défenseur du principe des nationalités.
« Quand la liberté rentrera en France, je rentrerai. »2277
Victor HUGO (1802-1885), Déclaration, Hauteville-House, Guernesey, 18 août 1859. Actes et Paroles. Pendant l’exil (1875), Victor Hugo
Exilé au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851 (…) il refuse de profiter du décret d’amnistie générale pour les condamnés politiques (…) Pour l’heure, Napoléon III reste un « aventurier heureux » à qui tout réussit : la diplomatie et la guerre, l’économie et la politique.
« Vous voulez donc faire de la France une caserne ?
— Et vous, prenez garde d’en faire un cimetière. »2291Maréchal NIEL (1802-1869), à Jules FAVRE (1809-1880), Corps législatif, 2 janvier 1868
(…) Il répond lors d’un débat sur l’armée au député républicain contestant l’utilité des périodes d’exercice. Plus fondamentalement, l’opposition républicaine demande la suppression des armées permanentes, malgré la puissance militaire menaçante de la Prusse et l’échec de notre diplomatie. Pour Gambetta, « les armées permanentes sont cause de ruines et source de haine ».
« La France, dit l’Almanach impérial, contient trente-six millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement. »2294
Henri ROCHEFORT (1831-1913), La Lanterne, 1er juin 1868
Première phrase du premier numéro. Un vent de liberté souffle sur l’Empire. Le 9 mai 1868, c’en est fini du régime de la presse de 1852 : l’autorisation préalable et le système des avertissements sont supprimés (…) Cependant, l’opposition ne désarme pas. Son expression plus libre la renforce et la nouvelle génération aspire à plus de liberté. Le socialisme récupère et politise une agitation ouvrière qui multiplie les grèves dures (la première en date fut celle des typographes parisiens, en mars 1862) (…)
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