Les années Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand
Le centrisme n’est pas l’immobilisme
Il faut reconnaître un certain mérite à VGE d’avoir fait voter, dans les deux premières années de son septennat, des lois allant à l’encontre de son électorat – donc des classes sociales qui l’ont mis au pouvoir – et valant réformes de société, même vu de gauche : majorité civique à 18 ans, remboursement de la contraception par la Sécurité sociale, légalisation de l’avortement, divorce par consentement mutuel.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Radio et télévision ne sont pas la voix de la France. Leurs journalistes sont des journalistes comme les autres. »3160
(1926-2020), Déclaration du 8 janvier 1975
Le président veut rompre avec un symbole gaulliste. La loi du 7 août 1974 a fait éclater l’ORTF (…)
Le monopole d’État sur les ondes demeure (…) La gauche au pouvoir en 1981 mettra fin en 1982 au monopole de la programmation, proclamant la liberté de la communication audiovisuelle : c’est la naissance des radios libres (…)
« Les bonnes lois ne doivent rien à l’humeur ; elles sont le fruit de l’observation attentive, de la discussion sérieuse, de la méditation renouvelée. Les bonnes lois ne se font pas à la hâte ; elles supposent le concours du temps. »3161
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), Sénat, 27 mai 1975
A l’occasion du centenaire du Sénat, le président fait l’éloge du rôle de sage tenu par cette « Seconde Chambre […] chambre de réflexion, garante de la qualité de l’ouvrage législatif » (…)
« Valéry Giscard d’Estaing a pour rôle historique d’assurer la domination des couches sociales qui l’ont placé là où il est. Il n’y peut rien et moi non plus. »3162
François MITTERRAND (1916-1996), L’Abeille et l’Architecte (1978)
Dans cette chronique politique, ces mots sont datés du 20 avril 1975. Le député socialiste de la Nièvre observe son précédent et futur adversaire aux présidentielles. A chacun sa voie, son destin, et la référence marxiste à la lutte des classes garde une part de vérité, même pour les non marxistes.
« Je gouverne et gouvernerai la France au centre […] et sachez que la main tient la barre. »3163
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), réunion de presse, 4 décembre 1975. La Vie politique sous la Ve République (1987), Jacques Chapsal
Sous le gouvernement Chirac, et pendant que s’affirme la gauche unitaire, les distorsions s’aggravent, entre le président et sa majorité naturelle.
L’UDR qui domine à l’Assemblée a perdu l’Élysée, mais garde Matignon, et le président n’a qu’un seul noyau pur et dur, inconditionnel, le RI, parti des Républicains indépendants : soit 60 députés. Reste le centre, flou, mouvant, divisé (…)
« Toute la droite est enfin au centre, merci mon Dieu ! »3164
Georges WOLINSKI (1934-2015), Giscard n’est pas drôle (1976)
Vœu non exaucé : gouverner devient de plus en plus difficile pour le président.
Dans le même esprit pas bête et pas méchant, l’humoriste de gauche qui s’exprime ailleurs et autrement que dans le journal Hara-Kiri, écrit : « Il faut abattre le libéralisme, car il donne des armes à ceux qui veulent lui substituer l’autoritarisme. » (…)
Cependant que VGE le centriste peine à maintenir sa ligne droite…
« Gouverner, c’est réformer. »3165
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), Conseil des ministres, janvier 1976
Dit la première fois dans une déclaration à la presse, le 19 avril 1974
Le gouvernement est remanié, pour la cinquième fois, et dans le sens d’une plus grande ouverture. 1975 fut l’année « des occasions perdues et des illusions entretenues », selon Françoise Giroud dans La Comédie du pouvoir (…)
« Le Verbe ne s’est pas fait chair. »3166
Jacques LESOURNE (1928-2020), Soirs et lendemains de fête (1984)
(…) La réduction de la durée du mandat présidentiel (de sept a cinq ans) est reportée sine die, la réforme du scrutin pour atténuer la bipolarisation de la France a exactement l’effet inverse, la réforme de l’entreprise devant limiter les pouvoirs du patron est enterrée, l’imposition des plus-values du capital est à ce point édulcorée qu’on peut la dire avortée.
« Le coq gaulois faisait l’autruche. »3167
Olivier CHEVRILLON (1929-2013), Le Point, 14 avril 1980
L’insouciance du gouvernement français après le premier choc pétrolier de 1973, sa tendance à ne pas prendre à temps des mesures énergiques et à vouloir sauver à tout prix le pouvoir d’achat coûte cher à l’économie nationale (…)
« La France a peur. »3168
Roger GICQUEL (1933-2010), « Journal de 20 heures », TF1, 18 février 1976
Présentateur vedette du JT le plus regardé, il doit « incarner » l’information, pour mieux fidéliser le public. Gros plan sur Gicquel, et sur le visage d’un enfant, en photo d’arrière-plan. « La France a peur. Je crois qu’on peut le dire aussi nettement. La France connaît la panique depuis qu’hier soir, une vingtaine de minutes après la fin de ce journal, on a appris cette horreur : un enfant est mort. Un doux enfant au regard profond assassiné, étranglé par le monstre qui l’avait enlevé pour de l’argent. La France a peur. Chaque mère, chaque père a la gorge nouée quand il pense à ce qui s’est passé a Troyes. Quand il pense à cet assassin de 23 ans… » (…)
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