Retour de la question religieuse… qui culmine en 1905 (loi de Séparation).
Au cœur du débat de l’ « Ordre moral » dès le début de la Troisième, elle refait l’actu, dans cette France aux racines chrétiennes qui se vit et se voit encore comme « fille aînée de l’Église ». La brutalité avec laquelle cette (bonne) loi s’impose et s’applique ne fait pas honneur au personnel politique.
« De vous à moi, il n’y a pas tant de différence. — Il y a toute la question religieuse. »2534
(1860-1934), à (1861-1936)
La Démocratie religieuse (1921), Charles Maurras.
Poincaré, député de la Meuse, partisan de la laïcité, s’oppose à Charles Benoist, député de Paris, défenseur des congrégations enseignantes. Mais Poincaré, qui n’a pas l’anticléricalisme du bloc des gauches, fait figure de modéré. Ce clivage religieux gêne les alliances indispensables pour former les gouvernements, les radicaux au pouvoir devant faire face aux oppositions de droite comme de gauche.
Les débats sur l’enseignement libre et la séparation des Églises et de l’État déchaînent les passions, cependant que le peuple manifeste son anticléricalisme militant aux cris de « À bas la calotte ! », « Vive la sociale ! »
La loi de Séparation occupe l’année 1905 : 48 séances de discussion à la Chambre des députés qui vote finalement le 3 juillet. Le Sénat se prononce à son tour le 6 décembre. Le président Doumer promulgue la loi rapportée par Aristide Briand et appliquée à partir du 1er janvier 1906. Trois idées-forces : neutralité de l’État dans les questions religieuses, fin du régime des cultes reconnus et subventionnés par le budget public, liberté de conscience et liberté collective de pratiquer une religion sans entraves.
On parle de séparation des Églises au pluriel, car cette loi ne concerne pas que le culte catholique, mais aussi les cultes protestants et israélite.
La laïcité de l’État en France est un principe capital dont l’application pratique pose encore des problèmes, plus d’un siècle après. L’essentiel a été fait par la Troisième République, au terme de querelles et de bagarres propres à la « question religieuse », envenimées à plaisir.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Vous avez à choisir entre Jésus et Barabbas ! »2533
Parole d’un prédicateur. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
Fin janvier 1902, de nouveaux débats sur l’enseignement libre et la séparation des Églises et de l’État ont fait renaître une guerre de religion entre Français. L’imbroglio de la (nouvelle) question religieuse dure depuis 1880, l’opinion publique veut surtout « la liberté pour tout le monde », mais le « petit père Combes » multiplie les maladresses.
« Allons Combes, chasseur de nonnes, / À ton cor, mets vite un bouchon […]
Tu mets sous scellés les nonettes, / T’y mettras pas la religion. »2541Antonin LOUIS, Le Chasseur de nonnes, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier
Séminariste devenu franc-maçon, militant provincial, esprit petit-bourgeois radical et borné, conservateur et anticlérical, le président du Conseil (juin 1902 à janvier 1905) va lasser sa propre majorité, irriter le pape et révolter une partie du pays, faisant fermer des milliers d’« écoles libres » et dispersant quelque 18 000 religieux de congrégations.
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