La Révolution en (sou)riant. Vive le « quinquennat révolutionnaire » vu sous l’angle de l’humour !
Une autre manière de vivre la Révolution et ses drames, pour les acteurs et les témoins. Même au pire moment de la Terreur, l’humour existe. Surtout à droite de l’échiquier politique, fatalement critique. Reste l’humour involontaire ou le non-humour, plutôt de gauche. Quant aux chansons, c’est vraiment la voix du peuple.
« Il y a deux vérités qu’il ne faut jamais séparer, en ce monde : 1° que la souveraineté réside dans le peuple ; 2° que le peuple ne doit jamais l’exercer. »1275
(1753-1801), Journal politique national des États généraux et de la Révolution de 1789, publié cette même année
L’humour est rare, en ces temps héroïques et Rivarol est un témoin précieux. Le cœur à droite, ce n’est pas un extrémiste et il n’épargne pas les gens de son camp, même si le parti des vrais révolutionnaires offre davantage matière à provoquer sa plume et stimuler sa verve.
« Nous sommes le premier de tous les Français qui écrivîmes contre la Révolution avant la prise de la Bastille. » Homme d’ordre et monarchiste, il aurait pu dire : « Oui à la Constitution, non à la chienlit. »
Première pièce sur la prise de la Bastille, un vaudeville de Pellet-Desbarreaux, Le Champ de Mars ou la Régénération de la France, joué dans la région de Toulouse, en août 1789. Certaines sources situent la création en mars : ce serait de la politique-fiction ! Notons que le théâtre révolutionnaire est très médiocre. Le génie s’exprime ailleurs, à cette époque.
« Les Conventionnels […] faisaient couper le cou à leurs voisins avec une extrême sensibilité, pour le plus grand bonheur de l’espèce humaine. »1573
CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)
Le grand romantique du XIXe siècle a pris ses distances avec la Révolution, dès le 14 juillet : « La Révolution m’aurait entraîné, si elle n’eût débuté par des crimes : je vis la première tête portée au bout d’une pique et je reculai. »
La tête « au bout d’une pique » est un classique de l’horreur révolutionnaire. La « première tête » peut être celle du gouverneur de la Bastille, de Launay, massacré par le peuple le 14 juillet, lors de la prise du fort. Chateaubriand, 21 ans, réformé de l’armée, hésitant sur sa vocation, s’est essayé à la vie politique au début de l’année, en participant aux États de Bretagne (assemblée provinciale). Présent à Paris en juillet, il est très choqué par cette violence « cannibale ». Représentatif de sa classe, il écrit aussi : « Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d’admiration et un argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu’un terroriste. »
« L’histoire du neuf Thermidor n’est pas longue : quelques scélérats qui firent périr quelques scélérats. »1607
Joseph DE MAISTRE (1753-1821), Considérations sur la France (1796)
Véritable écrivain politique - avec un style et de l’humour. Théoricien majeur de la pensée contre-révolutionnaire, il est déjà connu sous l’Ancien Régime pour son combat contre la philosophie des Lumières. Émigré en 1793 à Lausanne, monarchiste attaché au pouvoir papal, il rejettera en bloc la Révolution. Qu’importe à ses yeux le tournant qu’elle a pris ! Mais pour les Français en France, tout changera après le 9 Thermidor et le règlement de comptes sanglant, sinon « scélérat », qui punit les plus fanatiques.
« Des sottises faites par des gens habiles ; des extravagances dites par des gens d’esprit ; des crimes commis par d’honnêtes gens… Voilà les révolutions. »1628
Vicomte Louis DE BONALD (1754-1840), Pensées sur divers sujets (1817)
Dans le camp des contre-révolutionnaires, défenseur de la monarchie et du catholicisme aussi résolu que de Maistre, ce philosophe et sociologue est l’autre grand pourfendeur de l’athéisme et de la démocratie.
Dans le même esprit, citons Jacques Bainville, monarchiste sous la IIIe République et historien de droite : « Ayant dit un nombre prodigieux de sottises, la Révolution en a fait dire encore plus. » Vérité incontestable, mais partielle. Que de talents se sont révélés, dans et autour de cette page d’histoire !
« Commémorer la Révolution française est un peu comme célébrer le jour où on a attrapé la scarlatine. »1630
Léon DAUDET (1867-1942)
Le Nouvel Observateur (1989), Pierre Chaunu
Journaliste, écrivain et député de droite, collaborateur de Charles Maurras à l’Action française sous la IIIe République, cité par Pierre Chaunu, historien résolument conservateur… Fin des témoignages partisans, mais plaisants.
Notre série sur la Révolution en (sou)riant :
- Rivarol : « Ils sont toujours en retard d’une armée, d’une année et d’une idée. »
- Martainville : « je suis ici pour être raccourci et non pour être allongé. »
- Louis XVI : « C’est détestable ! Cela ne sera jamais joué ! »
- Thouret : « Sire… Votre Majesté a fini la Révolution. »
- Chanson : « Guillotin – Médecin – Politique, Imagine un beau matin… »
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