Louis XVI et l’Histoire. La Révolution commence et le roi fait un « déni de réalité », comme l’on dit aujourd’hui.
Faiblesse de caractère, naïveté politique, scrupules maladifs, perpétuels changements d’avis, c’est le roi le moins armé pour affronter les événements. Alors que face à lui, la période fait naître une série de grands premiers rôles, dignes de l’événement majeur de notre histoire : la Révolution.
« Mais c’est une révolte ? — Non, Sire, c’est une révolution ! »1333
Réponse du (1747-1827), à (1754-1793), réveillé le soir du 14 juillet, à Versailles
Petite Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1883), Victor Duruy.
Le grand maître de la garde-robe s’est permis de se manifester dans la nuit, pour informer le roi que la Bastille est prise et le gouverneur assassiné. Mieux que son maître, il a compris l’importance symbolique du fait. Et ce bref dialogue résume bien la situation. Rappelons aussi le 14, rien. (mais carnet de chasse)
« Il faut une âme atroce pour verser le sang de ses sujets, pour opposer une résistance et amener une guerre civile en France […] Pour réussir, il me fallait le cœur de Néron et l’âme de Caligula. »1391
LOUIS XVI (1754-1793), Lettre à M. de Bouillé, 3 juillet 1791
Le roi écrit à l’un des organisateurs de la fuite à Varennes, émigré à Coblenz, qui tente encore d’obtenir sa libération, auprès des cours européennes. Mais Louis XVI est incapable de vouloir l’irréparable, le sang versé lui fait littéralement horreur, il s’en excuse auprès du marquis et prend sur lui l’échec de toute l’opération manquée de Varennes.
Depuis son retour, le roi est assigné à résidence au palais des Tuileries, « sous la surveillance du peuple ». Il entend les Parisiens hurler des injures derrière les grilles de la place Louis XV, rebaptisée place de la Révolution (aujourd’hui, place de la Concorde). La foule enragée menace de tuer « le roi traître » et son « Autrichienne ». « Plus de monarchie ! Plus de tyrans ! » Certains pensent à un régent, qui serait Philippe d’Orléans, cousin du roi et qui se dit patriote.
« Que la nation reprenne son heureux caractère. »1400
LOUIS XVI (1754-1793), à la Constituante, 30 septembre 1791
Tel est le vœu royal, et sans doute sincère, en cette dernière séance de l’Assemblée. Le roi, présent, est acclamé. Mais qui peut vraiment croire à ce mot, dans une France plus que jamais révolutionnaire et divisée ?
« Je fais assez ce que tout le monde désire pour qu’on fasse une fois ce que je veux ! »1406
LOUIS XVI (1754-1793), 19 décembre 1791
Soudain, une manifestation de caractère ! Le roi use de son veto suspensif et refuse de sanctionner le décret contre les prêtres réfractaires : dans les huit jours, et sous peine de prison, ils doivent prêter serment à la Constitution civile du clergé (votée le 12 juillet 1790). La moitié des curés et tous les évêques (sauf quatre, dont Talleyrand) ont rejeté cette réforme de l’Église. Les autres, dits jureurs, assermentés ou constitutionnels, sont devenus des fonctionnaires ecclésiastiques. Louis XVI est profondément croyant et la Révolution le choque par ses atteintes à l’autorité de l’Église, plus encore que par les limitations au pouvoir royal. L’assemblée s’incline devant son refus, car le roi est dans son droit. Mais le peuple dénonce « Monsieur Veto ».
Désormais, le roi ne va plus jouer le jeu de cette monarchie constitutionnelle qui le contrarie en tout, au nom de la loi et de la volonté nationale, alors que ce régime de compromis voulu par des modérés déplaît aux révolutionnaires radicaux. Face à cette contradiction, la Législative (nouvelle assemblée) ne vivra qu’un an, et la situation devient explosive.
« Louis, le peuple français vous accuse d’avoir commis une multitude de crimes pour établir la tyrannie en détruisant la liberté. »1464
Acte d’accusation de Louis XVI, Convention, 11 décembre 1792
Chefs d’accusation les plus graves : haute trahison, double jeu politique avec les assemblées, complot avec l’ennemi autrichien, tentative de fuite à l’étranger (Varennes), responsabilité des morts aux journées d’octobre (1789) et à la fusillade du Champ de Mars (17 juillet 1791). Le lendemain, 12 décembre, la Convention (troisième assemblée, devenue tribunal) accorde trois défenseurs au roi. Mais il n’y aura aucun témoin, ni à charge ni à décharge.
« Je subirai le sort de Charles Ier, et mon sang coulera pour me punir de n’en avoir jamais versé. »1465
LOUIS XVI (1754-1793), Lettre à Malesherbes, écrite au Temple, décembre 1792
Précédent historique maintes fois rappelé : Charles Ier, roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, victime de la révolution anglaise, jugé par le Parlement, décapité en 1649.
Louis XVI, ce roi si faible, incapable de régner quand il avait le pouvoir et les hommes (quelques grands ministres), cet homme de 38 ans, prématurément vieilli, parfois comparé à un vieillard, va faire preuve de courage et de lucidité dans ces deux derniers mois. Toujours à son ami et avocat, Malesherbes, il écrit : « Je ne me fais pas d’illusion sur mon sort ; les ingrats qui m’ont détrôné ne s’arrêteront pas au milieu de leur carrière ; ils auraient trop à rougir de voir sans cesse sous leurs yeux leur victime. »
Louis XVI se voit contraint de réunir à nouveau les États généraux, ce qu’il redoute, sans prévoir à quel point la face du monde va en être changée : une histoire à retrouver dans le tome 5 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
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