Toujours sous la Révolution, le citoyen est apostrophé à tout va, poussé à l’action dans l’urgence et le contexte de patrie en danger, rappelé à ses devoirs et au premier d’entre tous, le devoir militaire. Mortalité citoyenne particulièrement élevée, en cette époque sanglante. Ainsi va l’Histoire (en citations).
« Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! Marchez, marchez, Qu’un sang impur Abreuve nos sillons ! »1417
(1760-1836), Le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, refrain (1792)
« Trouvé à Strasbourg, il ne lui fallut pas deux mois pour pénétrer toute la France. Il alla frapper au fond du Midi, comme par un violent écho, et Marseille répondit au Rhin. Sublime destinée de ce chant ! », écrit Michelet, lyrique et romantique, dans son Histoire de la Révolution française. Mystérieusement arrivé à Marseille, le chant plaît au bataillon des Marseillais, qui l’adopte comme hymne de ralliement et le chante le 29 juin 1792, en plantant dans la ville un arbre de la Liberté. Son histoire ne fait que commencer.
« La patrie est en danger. » Proclamation de la Législative, décret du 11 juillet 1792. Les défaites se succèdent aux frontières de l’Est. L’armée de 80 000 hommes est insuffisante et mal dirigée par des officiers de métier surnommés les « vaincre ou courir », face aux Prussiens commandés par Brunswick et aux émigrés français emmenés par Condé.
Au volontariat de 1792 succèdera le service obligatoire, rendu inévitable par les guerres de la première coalition. La levée en masse atteindra presque le million d’hommes. Mobilisée et politisée corps et âme, cette armée de « citoyens » entrera dans la légende des « soldats de l’an II ».
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Respectables citoyens, vous venez d’égorger des scélérats ; vous avez sauvé la patrie ; la France entière vous doit une reconnaissance éternelle. »1432
BILLAUD-VARENNE aux massacreurs, 3 septembre 1792
Parole de Jacobin, membre de la Commune insurrectionnelle de Paris. Il encourage les égorgeurs à se servir sur le butin et la dépouille des cadavres, offre à chaque égorgeur 24 livres et les encourage : « Continuez votre ouvrage, et la patrie vous devra de nouveaux hommages. »
« Citoyens, vouliez-vous une révolution sans révolution ? […] Qui peut marquer, après coup, le point précis où devraient se briser les flots de l’insurrection populaire ? »1449
ROBESPIERRE, Convention, 5 novembre 1792
Il répond à l’accusation des Girondins qui s’indignent encore des massacres de septembre. Il ajoute : « La sensibilité qui gémit presque exclusivement pour les ennemis de la liberté m’est suspecte. » C’est annoncer et justifier toutes les à venir.
« Citoyens, si un monarque est parmi vous plus difficile à punir qu’un citoyen coupable ; si votre sévérité est en raison inverse de la grandeur du crime et de la faiblesse de celui qui l’a commis, vous êtes aussi loin de la liberté que jamais ; vous avez l’âme et les idées des esclaves. »1459
ROBESPIERRE, Sur le parti à prendre à l’égard de Louis XVI, Convention, 3 décembre 1792
Interminables débats juridiques pour que, malgré l’inviolabilité constitutionnelle et les réticences des Girondins, le roi soit déclaré jugeable. Victoire des Montagnards, Robespierre en tête, avocat de métier, mêlant passion et abstraction, dans une implacable rhétorique.
« Les monstres ! Ils voudraient briser les échafauds ; mais, citoyens, ne l’oublions jamais, ceux-là ne veulent point de guillotine qui sentent qu’ils sont dignes de la guillotine. »1565
Jean-Baptiste CARRIER, fin 1793
Député à la Convention, il vise les modérés : Danton et Desmoulins souhaitent que vienne le temps de l’indulgence. Surnommé le « missionnaire de la Terreur » (Michelet), il va mater l’insurrection des Chouans et autres contre-révolutionnaires de la guerre de Vendée. Bilan, 10 000 morts : fusillés, guillotinés, noyés, victimes du typhus.
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