Parole d’hommes. L’Histoire est faite et écrite par les hommes, leur domination et leur sexisme vont de pair.
On peut quand même s’étonner à la lecture de Rousseau, le plus révolutionnaire de tous les philosophes des Lumières au XVIIIe, siècle moins misogyne que le XVIIe et le XIXe.
La misogynie de Napoléon ne nous étonne plus, l’ennui c’est que le Code civil en est le reflet. Quant au peuple, il a toujours beau jeu de se moquer de la « première dame de France ».
« La femme est faite pour céder à l’homme et pour supporter même son injustice. »1051
Peut-on parler d’une ombre à la philosophie des Lumières, dans un siècle où les femmes, reines en leurs salons littéraires, ont aussi une influence dans la politique et l’art ?
Ce traité sur l’éducation eut un immense succès et une heureuse influence : des mères se mettent à allaiter leurs enfants, on cesse d’emmailloter les nouveau-nés comme des momies et d’imposer les baleines aux corps des petites filles… Mais les filles sont quand même les sacrifiées de cette pédagogie qui se veut conforme à la nature.
Rousseau précise : « Toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance. » C’est dire que la petite Sophie ne partira pas avec les mêmes chances dans la vie que le petit Émile !
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« La femme doit obéissance à son mari. »1749
Code civil (21 mars 1804), article 213
La condition féminine pâtit de la nouvelle législation, reflet de la position sociale des femmes et d’une évidente misogynie. Trois ans plus tard, la chose est claire, dans le discours de Napoléon : « Nous autres peuples d’Occident, nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien… Elles ne doivent pas être regardées comme les égales des hommes, et ne sont, en réalité, que des machines à faire des enfants. »
« Je plains le sort de la Reine ; / Son rang la contraint en tout ;
La pauvre femme ose à peine / Remuer quand on la f… »762Le Frondeur compatissant, mazarinade
Dès la mort de Louis XIII, on soupçonna les relations d’Anne d’Autriche (régente) avec le Premier ministre. Michelet rapporte, dans son Histoire de France : « Mazarin commença dès lors l’éducation de la reine, enfermé toutes les soirées avec elle pour lui apprendre les affaires. La cour, la ville ne jasaient d’autre chose. » On jasa beaucoup, on supposa tout, y compris un mariage secret. Anne d’Autriche nia toujours.
« Notre monarque, enfin, / Se distingue à Cythère.
De son galant destin / On ne fait plus mystère.
Mailly, dont on babille, / La première éprouva
La royale béquille / Du père Barnabas. »1107Notre monarque enfin, chanson, 1740
Le peuple respire : son roi n’est plus sans divertissement. Les quatre sœurs de Nesle seront ses maîtresses, avant la Pompadour. Louis XV le Bien-Aimé multipliera les favorites. Célébré ici pour sa royale béquille, il sera bientôt détesté pour ses « catins » et ses vices - le Parc-aux-Cerfs à Versailles, lieu de débauche où de très jeunes filles, offertes par des parents consentants, ignorent l’identité de leur royal amant et sont mariées à des courtisans sitôt qu’engrossées. C’est dire l’extrême violence faite aux femmes, dans ce siècle réputé raffiné, civilisé à l’extrême.
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