Printemps 2017, présidentielles et législatives. Citoyens, à vos urnes !
« Personne jouissant des droits civils et politiques et notamment du droit de vote », le citoyen est très sollicité. Le mot, historiquement sensible et toujours signifiant, parcourt trois siècles de l’Histoire en citations.
Né sous l’Antiquité pour désigner tout homme ayant « droit de cité », le mot prend son sens contemporain en France au siècle des Lumières, avant d’exploser à la Révolution.
« On a tout avec de l’argent, hormis des mœurs et des citoyens. »985
Réaction violente à mi-siècle contre la décadence des mœurs d’un pays grisé par sa propre civilisation. Il fallait que cela fût dit par le plus associable et misanthrope dans la bande des quatre philosophes. Robespierre l’Incorruptible s’en inspirera, cette pensée convenant parfaitement à sa pensée comme à ses mœurs.
Rousseau juge en moraliste et philosophe, mais aussi en « pauvre » et « asocial », cette société où l’argent devient la mesure de tout, tandis que le plaisir, le luxe, la jouissance et parfois la débauche s’affichent. Même idée chez Restif de la Bretonne, surnommé le Rousseau du ruisseau : « La dépravation suit le progrès des Lumières. Chose très naturelle, que les hommes ne puissent s’éclairer sans se corrompre » (Le Pornographe, 1769).
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Je suis bon citoyen parce que j’aime le gouvernement où je suis né […] parce que j’ai toujours été content de l’état où je suis […] mais dans quelque pays que je fusse né, je l’aurais été tout de même. »1002
MONTESQUIEU, Cahiers (posthume)
Sa philosophie sera à l’image de l’homme et du citoyen, toute d’équilibre et de raison, en accord avec ce siècle où le bonheur est de règle - Rousseau l’écorché vif fait exception.
« L’État […] doit à tous les citoyens une subsistance assurée, la nourriture, un vêtement convenable, et un genre de vie qui ne soit pas contraire à sa santé. »1007
MONTESQUIEU, L’Esprit des Lois (1748)
Dans cette œuvre de science politique, rien de moins abstrait que ces droits du citoyen ! Au nom d’un profond respect de la personne humaine, Montesquieu refuse les lettres de cachet, la torture, l’intolérance, le paupérisme, la guerre.
« Tout citoyen est roi sous un roi citoyen. »1164
FAVART, Les Trois Sultanes ou Soliman second (1761)
Trois vers de Soliman résonnent haut et fort : « Point d’esclaves chez nous ; on ne respire en France / Que les plaisirs, la liberté, l’aisance / Tout citoyen est roi sous un roi citoyen. » Auteur en vogue dans une société folle de spectacles (« théâtromanie »), il donnera son nom à la salle de l’Opéra-Comique.
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