30 septembre 1938 : signature des accords de Munich
« S’il s’agit de démembrer la Tchécoslovaquie, la France dit non. S’il s’agit de permettre à trois millions de Sudètes qui veulent être allemands de le devenir, nous sommes d’accord. »
(1884-1970), président du Conseil, Conférence de Munich (29-30 septembre 1938)
1934-1939 (1968), Michel Ragon.
Voulant sauver la paix à tout prix, France et Grande-Bretagne cèdent face à Hitler, abandonnant cette fois un pays allié, en reconnaissant l’annexion des Sudètes, au prétexte d’une minorité allemande dans ce territoire. L’accord de Munich est ratifié par la Chambre, 535 voix contre 75. Ont voté non : 73 communistes et 2 non communistes (Jean Bouhey, socialiste, et Henri de Kérillis, républicain national).
L’Humanité dénonce « le brigandage commis à Munich », et Henri de Kérillis écrit dans un journal de droite, L’Époque : « Trente divisions allemandes débarrassées de tout souci vont se tourner vers nous. » Face aux menaces de guerre qui se précisent, l’opinion publique est toujours partagée, mais les pacifistes encore majoritaires.
« Je sais bien que nous nous réveillerons de cette joie et qu’au-delà de ce grand mur de Versailles abattu par le poing allemand, une route inconnue s’ouvre pour nous, pleine d’embûches. »
François MAURIAC (1885-1970), Le Temps présent. François Mauriac (1990), Jean Lacouture
Lucidité au lendemain de Munich d’un romancier célèbre, qui a déjà témoigné contre les cruautés de la guerre civile espagnole aux côtés de l’autre grand romancier chrétien, Bernanos.
Léon Blum dénonce le « lâche soulagement ». Daladier lui-même, en signant, savait sans doute la guerre inéluctable et se résignait au pire, tout en le différant. François de Wendel (grande famille de la bourgeoisie industrielle, député depuis 1914, puis sénateur de 1933 à 1940, en même temps que président du Comité des forges et régent de la Banque de France) dénonce à cette époque l’attitude de ses amis politiques, dans son Journal intime : « Il y a actuellement un danger bolchevique intérieur et un danger allemand extérieur. Pour moi, le second est plus grand que le premier et je désapprouve nettement ceux qui règlent leur attitude sur la conception inverse. »
Cette citation et les commentaires sont tirés de notre Chronique n°9 sur le Second Empire et la Troisième République.
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