Siècle de Louis XIV - avant le règne personnel.
Chronique (1643-1661)
Dix-huit années souvent résumées en deux mots-clés, Fronde et impopularité du pouvoir.
L’histoire est parfois injuste envers Anne d’Autriche et plus encore Mazarin, qui va finalement rétablir l’ordre en France et initier Louis XIV à son métier de roi. À retenir, deux noms héroïques à suivre sur tous les champs de bataille : Turenne et le Grand Condé. Et le « petit prêtre », de Retz, incarnation de ces années folles, comploteuses et frondeuses.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Savez-vous bien la différence
Qu’il y a entre son Éminence
Et feu Monsieur le Cardinal ?
La réponse en est toute prête :
L’un conduisait son animal,
Et l’autre monte sur sa bête. »765(1610-1655), mazarinade , baron de Chauvigny
Mazarin (1972), Paul Guth.
(…) L’Éminence (Mazarin) succède au Cardinal (Richelieu). L’« animal » est Louis XIII et la « bête », Anne d’Autriche, aussi qualifiée de « pute de reine » (…) C’est dire que la pratique du ministériat est reconduite, avec l’ancien collaborateur de Richelieu comme principal ministre (…) La Cabale des Importants, regroupant les Grands (…) ourdit aussitôt un complot (…)
« Le voyez-vous comme il vole, ou à la victoire, ou à la mort ? »766
BOSSUET (1627-1704), Oraison funèbre de Louis de Bourbon, Prince de Condé (1686)
Quand il devra rendre hommage au Grand Condé, Bossuet évoquera la bataille de Rocroi du 19 mai 1643 (…) C’est l’un des épisodes de la guerre de Trente Ans qui déchire l’Allemagne depuis 1618 (…) L’autre héros de cette guerre est Turenne, et les deux hommes vont souvent se croiser, amis ou ennemis, selon le camp choisi.
« Il est plus difficile de bien faire l’amour que de bien faire la guerre. »767
Ninon de LENCLOS (1616-1706), Lettres (édition posthume)
Cette belle dame aux mœurs légères, qui vécut très âgée en un siècle très guerrier, parle en connaissance de cause. « Notre Dame des Amours », séductrice aux « mille amants », épicurienne et lettrée, tenant salon chaque jour et visitée de cinq à neuf par tout Paris (…) À qui songe-t-elle en écrivant ces mots ? (…)
« Quand un général prétend n’avoir jamais fait de fautes, il me persuade qu’il n’a jamais fait la guerre longtemps. »768
TURENNE (1611-1675). Le Sottisier (posthume, 1880), Voltaire
Et Montherlant écrit dans ses Carnets : « Turenne, dans ses lettres, lorsqu’il s’agit d’une victoire, dit : « Nous l’avons remportée », et lorsqu’il s’agit d’une défaite : « J’ai été battu » ». Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France, sera de toutes les guerres sous Louis XIV (…)
« Il importe à la gloire de Votre Majesté que nous soyons des hommes libres et non pas des esclaves. Il y a, Sire, des ans que la campagne est ruinée, les paysans réduits à coucher sur la paille. »769
Omer TALON (1595-1652) à Louis XIV, 15 janvier 1648 (…)
L’avocat général au Parlement de Paris s’adresse au roi qui n’a pas encore 10 ans, à l’occasion d’un lit de justice qui va enregistrer de force de nouveaux édits, pour les annuler le lendemain. Un des épisodes de la lutte qui oppose Mazarin au Parlement, amendant ou rejetant systématiquement chaque année les édits financiers (…)
« Il y a de la révolte à s’imaginer que l’on se puisse révolter ; voilà les contes ridicules de ceux qui la veulent. L’autorité du roi y donnera bon ordre. »770
ANNE D’AUTRICHE (1601-1666). Mémoires du cardinal de Retz (posthume, 1717)
La régente fait preuve de fermeté plus que de lucidité. Le 13 mai 1648, à l’initiative du Parlement de Paris, un arrêt est pris par toutes les cours souveraines (Parlements, Grand Conseil, Chambre des comptes, Cour des aides) : leurs représentants vont travailler en commun à la réforme des abus de l’État. Une révolution ne commence pas autrement.
« Les intendants de justice […] seront révoqués […] Ne seront faites aucunes impositions et taxes qu’en vertu d’édits et déclarations bien et dûment vérifiés ès cours souveraines […] Aucun des sujets du roi, de quelque qualité et condition qu’il soit, ne pourra être détenu prisonnier passé vingt-quatre heures, sans être interrogé suivant les ordonnances et rendu à son juge naturel. »771
Déclaration des vingt-sept articles, 15 juin 1648. Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache
Les cours souveraines voulaient-elles vraiment la fin de l’Ancien Régime ? Suppression des intendants, interdiction des impôts non approuvés par le Parlement, garantie des libertés individuelles, cela revient à transformer une monarchie absolue en monarchie contrôlée (…)
« L’état de la France était tel qu’il n’était plus temps de se porter à la rigueur, sans la hasarder à de grandes révolutions. »772
Mme de MOTTEVILLE (1602-1689), Mémoires de Mme de Motteville pour servir à l’histoire d’Anne d’Autriche (posthume, 1822)
(…) Les causes de la Fronde sont profondes : politiques, économiques, sociales. Le coup de force du Parlement de Paris, exploitant la crise financière et le mécontentement général, met le feu aux poudres. Mazarin commence par « céder au torrent » (…) Intendants abolis le 13 juillet (jusqu’en 1653). Mais la victoire de Condé sur les Espagnols raffermit le pouvoir.
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