Napoléon vu par ses partenaires politiques. Opinions en situation, toujours fondées et contrastées dans l’Histoire en citations.
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« Messieurs, nous avons un maître, ce jeune homme fait tout, peut tout et veut tout. »1681
(1748-1836), tirant la leçon du coup d’État du 18 Brumaire, après la réunion du 11 novembre 1799
Le Réalisme (1857), Champfleury.
Sieyès est ébloui par Bonaparte qui exerce toujours un irrésistible ascendant sur autrui. Cette fois, il l’a vu dominer tous les sujets : armée, administration, finances, droit, politique. Doué d’une intelligence à la fois synthétique et analytique, l’homme possède aussi une excellente mémoire et une force de travail stupéfiante.
« Lorsqu’en 1801 Napoléon rétablit le culte en France, il a fait non seulement acte de justice, mais aussi de grande habileté […] Le Napoléon du Concordat, c’est le Napoléon vraiment grand, éclairé, guidé par son génie. »1721
TALLEYRAND (1754-1838), Mémoires (posthume, 1891)
Grand diplomate et ministre de Napoléon de 1799 à 1807, il approuve la politique religieuse du Consulat et le Concordat avec Pie VII. Bonaparte s’est rallié les sympathies des catholiques du monde entier. Il a raffermi la puissance catholique, ébranlée par la Révolution et indispensable à tout gouvernement sensé́, à cette époque.
« Quel dommage, Messieurs, qu’un si grand homme soit si mal élevé ! »1835
TALLEYRAND (1754-1838). Talleyrand, ou le Sphinx incompris (1970), Jean Orieux
Mot parfaitement en situation, le 28 janvier 1809, après l’injure lancée devant témoins par l’empereur furieux : « Vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie. »
« Commediante ! Tragediante ! » « Comédien ! Tragédien ! »1781
PIE VII (1742-1823). Servitude et grandeur militaires (1835), Alfred de Vigny
Ce pape de caractère est bon juge : don de la simulation et sens théâtral, qualités reconnues au grand premier rôle que fut Napoléon. Il a pris des cours avec le célèbre sociétaire de la Comédie-Française, son ami Talma. Il sait donner une dimension épique aux défaites comme aux victoires et contrôle son image avec un sens inné de la « communication ».
« Un conquérant, c’est un joueur déterminé qui prend un million d’hommes pour jetons et le monde entier pour tapis. »1769
Comte de SÉGUR (1753-1830), Histoire de Napoléon et de la Grande Armée (1824)
Joueur, Napoléon le fut tant de fois sur les champs de bataille et le million est le chiffre qui revient toujours, considérable pour l’époque. Il joue aussi en politique et d’abord dans la décision du coup d’État de brumaire (novembre 1799), où il joue véritablement son destin à quitte ou double : « La politique, c’est jouer aux hommes » (cité par Chateaubriand).
« Cet homme est insatiable, son ambition ne connaît pas de bornes ; il est un fléau pour le monde ; il veut la guerre, il l’aura, et le plus tôt sera le mieux ! »1803
ALEXANDRE Ier, fin mai 1805. Histoire du Consulat et de l’Empire (1974), Louis Madelin
Craignant l’hégémonie française en Europe, le tsar rejoint l’Angleterre dans la troisième coalition.
« Il avait l’air de se promener au milieu de sa gloire. »1839
CAMBACÉRÈS (1753-1824), archichancelier de l’Empire et duc de Parme, parlant de Napoléon en 1809
La cinquième coalition, qui réunit l’Angleterre et l’Autriche, s’est soldée par la victoire de Napoléon sur l’Autriche. Défaite par la Grande Armée à Wagram, elle signe la paix (ou traité) de Vienne, perd 300 000 km2 et 3 500 000 habitants.
« Il est le Souverain de l’Europe. »1840
METTERNICH (1773-1859), 1809. Mémoires, documents et écrits divers laissés par le prince de Metternich (1880)
Ministre des Affaires étrangères en 1809, signant l’humiliant du traité de Vienne, il va s’allier à Napoléon, pour mieux l’abattre le moment venu. En 1811, le Grand Empire a 130 départements avec 45 millions de « Français » et 40 millions d’habitants des États vassaux (Italie, Espagne, duché de Varsovie, Confédération du Rhin, Confédération helvétique)
« Cet homme est revenu de l’île d’Elbe plus fou qu’il n’était parti. Son affaire est réglée, il n’en a pas pour quatre mois. »1931
Joseph FOUCHÉ (1759-1820), lucide quant à l’avenir, mars 1815
Il va redevenir ministre de la Police sous les Cent-Jours : « Avant trois mois, je serai plus puissant que lui et s’il ne m’a pas fait fusiller, il sera à mes genoux. Mon devoir est de contrarier tous les projets de l’empereur. » Il a tort de trahir, mais raison de penser ainsi. Napoléon déclenche une nouvelle guerre européenne et la France n’a aucune chance de gagner.
« Il faut tuer Buonaparte comme un chien enragé. »1934
TALLEYRAND (1754-1838), Congrès de Vienne, 12 mars 1815
Napoléon a bouleversé le bon ordre du Congrès et mis le ministre français dans une situation impossible.
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