Simone de Beauvoir : « ...toute l'Histoire a été faite par des mâles. »

Le sexisme est encore et toujours d’actualité. Seul progrès, l’opinion publique s’en émeut et le féminisme s’exprime librement

« Le présent enveloppe le passé et dans le passé toute l’Histoire a été faite par des mâles. »2854

Simone de BEAUVOIR (1908-1986), Le Deuxième Sexe (1949)

Livre événement dans l’histoire du féminisme. Essai en 2 tomes, best-seller traduit, vendu à des millions d’exemplaires. Le thème, ou plus exactement la thèse de l’auteur relève de la philosophie existentialiste dans l’air du temps : « On ne naît pas femme, on le devient. » Sartre, son compagnon, maître à penser de toute une génération, dit la responsabilité des femmes : « À moitié victimes, à moitié complices, comme tout le monde. »

D’un point de vue historique, les hommes ont le pouvoir et le sexisme fait loi, au propre comme au figuré. La misogynie est si répandue que le mot lui-même en devient anachronique et paradoxalement suspect ! Et pourtant…

« Aucune terre ne pourra être dévolue par héritage à une femme ; toute la terre appartiendra aux héritiers de sexe viril. »53

Loi salique

Les Barbares (1997), Louis Halphen

Le plus célèbre des articles de cette loi dite aussi « loi des Francs saliens », dont la première rédaction remonte au règne de Clovis : code de procédure criminelle et code de la famille, bases de la société franque. Quelque peu oublié par la suite, on l’exhumera au XIVe siècle, pour exclure du trône un roi anglais : ce sera l’origine de la guerre de Cent Ans. C’est donc le principe de masculinité qui prévaut. Seules, les régences peuvent être assumées par des femmes (en tant que mères de rois).

« L’existence de la plupart des femmes est plus dure que celles d’esclaves entre les Sarrasins. »269

Christine de PISAN (vers 1364-vers 1430)

Citation souvent reproduite, traduction libre du texte original : « Elles usent leur lasse vie ou lien de mariage par dureté de leurs maris, en plus grande pénitence que si elles fussent esclaves entre les sarrasins. »

Christine de Pisan, l’une des premières femmes de lettres françaises (née en Italie), est aussi l’une des premières féministes de notre histoire. En cette sombre période du Moyen Âge, on voit le déclin de l’ « amour courtois » qui permit aux femmes de la noblesse de s’élever au-dessus de la condition que leur faisait la loi, durant les deux siècles précédents. La condition des femmes du peuple s’aggrave encore plus.

« C’est la moins folle femme du monde, car de sage il n’y en a guère. »413

LOUIS XI (1423-1483)

Les Arts somptuaires : histoire du costume et de l’ameublement, volume II (1858), Charles Louandre

Tel est le jugement du roi mourant sur sa fille aînée Anne, 22 ans, à qui il laisse la tutelle du royaume, le 30 août 1483. Charles VIII, fils de Louis XI, est juste majeur avec ses 13 ans, et sans grande personnalité (il sera surnommé l’Affable).

Le jugement est sévère et le choix est bon. Anne de France, dame de Beaujeu – femme de Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, confident de Louis XI – va en fait gouverner la France (avec son époux) jusqu’en 1492 et mériter son surnom de Madame la Grande : intelligence et force de caractère lui permettent de continuer l’œuvre paternelle et d’affermir le royaume.

« Comme les femmes n’ont pas de voix en l’Église, je suis de l’opinion des anciens et modernes qui croient qu’elles n’en doivent point avoir en l’État. »707

RICHELIEU (1585-1642)

Vie de Louis XIII (1936), Louis Vaunois

Propos misogyne, mais avis fondé, si l’on songe au rôle de Marie de Médicis et d’Anne d’Autriche, adversaires du cardinal et le plus souvent nuisibles à la France, du temps de leur règne comme de leur régence.

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