Incontournable personnage du « diable boiteux » : on retrouve Talleyrand au service de la France et de lui-même sous tous les régimes, avec sa longévité politique, son intelligence exceptionnelle, son esprit si français et quelques années bien employées dans l’opposition.
« Si cela va sans le dire, cela ira encore mieux en le disant. »1921
(1754-1838), au Congrès de Vienne, octobre 1814
L’Europe et la Révolution française, volume VIII (1908), Albert Sorel.
Cité en français, ce mot figure dans beaucoup de dictionnaires étrangers.
Ex-ministre des Affaires étrangères sous Napoléon, le voilà à nouveau diplomate, représentant Louis XVIII au Congrès de Vienne. Talleyrand demande qu’on ajoute une précision à un texte. On lui dit : « Cela va sans le dire. » D’où la riposte.
Il veille au grain et fait un excellent travail, dans une posture pourtant difficile : « Maintenant, Sire, la coalition est dissoute, et elle l’est pour toujours […] la France n’est plus isolée en Europe. » Lettre à Louis XVIII en date du 4 janvier 1815.
Intrigant comme il sait l’être et souvent pour le bien de la France, il a conclu un traité secret avec l’Autriche et l’Angleterre contre la Prusse et la Russie. C’est un exploit diplomatique : le représentant du pays vaincu a réussi à diviser les Alliés, à limiter les exigences de la Prusse et de la Russie. L’épisode des Cent-Jours va ruiner tous ses efforts.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Le Congrès ne marche pas, mais il danse. »1920
Prince de LIGNE, au Congrès de Vienne, 1814. De la réorganisation de la société européenne (1925), Augustin Thierry
Âgé de 80 ans, cosmopolite éclairé, il observe le beau monde. Outre les princes et hommes d’État, les diplomates et les observateurs, une foule d’intrigants et de jolies femmes sont au rendez-vous viennois. Metternich, chancelier d’Autriche, organise une succession de bals et concerts, opéras et revues militaires. Le plaisir est roi, mis en scène à la française ou à la viennoise.
« Monsieur de Talleyrand n’est devenu si riche que pour avoir toujours vendu ceux qui l’achetaient. »1918
Aimée de COIGNY, Journal (posthume)
Toujours aussi cupide et intelligent, réintégré dans ses fonctions diplomatiques, l’homme est détesté autant qu’admiré. Au Congrès de Vienne, il a magnifiquement négocié le (premier) traité de Paris, signé entre la France vaincue et les Alliés. Mais l’incroyable retour de Napoléon remet tout en question.
« D’sus l’trône Louis XVIII placé, / Notre Emp’reur que rien n’inquiète,
Lui dit : pour un an j’t’ai laissé, / Ot’-toi d’là que j’m’y mette ! »1925Ot’-toi d’là que j’m’y mette, chanson de 1815. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier
Chanson saisie par la police, après les Cent-Jours. La censure n’est pas si dure, mais l’humour de Louis XVIII a ses limites et l’humiliation royale sera terrible, durant cent jours.
« La grande mesure décrétée contre Bonaparte fut un ordre de « courir sus » : Louis XVIII, sans jambes, « courir sus » le conquérant qui enjambait la terre. »1928
CHATEAUBRIAND, Mémoires d’outre-tombe (posthume)
Quand il écrit ses Mémoires, l’auteur qui s’est rallié à la Restauration est passé dans l’opposition, ce qui est sa vraie nature. Quant à la France, elle se retrouve profondément divisée, face à l’événement des Cent-Jours - autrement dit, le retour de Napoléon.
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