Histoire du Centre et du centrisme, sixième jour.
Second Empire. Le régime autoritaire rassure une France paysanne et bourgeoise, majoritairement conservatrice. Il prend un tournant libéral, à partir de 1860 : partis politiques et presse d’opposition en profitent plus que le centre, malgré un gouvernement consensuel, sinon centriste, et quelques noms à suivre sous la Troisième République, à commencer par Thiers.
À feuilleter pour tout savoir.
« Faisons donc la République, la République honnête, sage, conservatrice. »2060
(1797-1877), Manifeste de M. Thiers
Portraits historiques (1883), H. Draussin.
Depuis la Révolution de juillet (1830) et jusqu’à sa mort sous la Troisième République, cette phrase résume la pensée, l’action, la vie politique de ce personnage souvent moqué, contesté, détesté par certains, très populaire de son temps, politicien (trop ?) habile et viscéralement opportuniste, mais incontestablement républicain - donc dans l’opposition (avec des nuances) sous le Second Empire. Thiers incarne à lui seul un « extrême centrisme » à la française, au XIXe siècle.
On le trouve successivement dans le parti de la Résistance, orléaniste de centre droit, sous la Monarchie de Juillet ; dans le parti de l’Ordre, donc à droite, sous la Deuxième République, mais opposant résolu à Louis-Napoléon Bonaparte dont il pressent les ambitions impériales.
« La République est le gouvernement qui nous divise le moins » disait-il au nom du parti de l’Ordre au pouvoir, qui satisfait ou rassure les Français. « Des amis de la vraie liberté, je dirai les vrais républicains, redoutent la multitude, la vile multitude qui a perdu toutes les républiques. » Cette phrase consensuelle à l’époque l’opposait à Victor Hugo, grand républicain et pas du tout centriste !
Élu député de Paris en mai 1863 et chef de l’opposition libérale (le Tiers Parti) depuis son discours du 11 janvier 1864 sur les « libertés nécessaires » (individuelle, électorale, de presse), Thiers incarne le centre droit sous le Second Empire, avant de finir Républicain modéré sous la Troisième République… et premier président de ce nouveau régime qui va peu à peu séduire le pays majoritairement conservateur - donc, Thiers avait raison !
« Personne ne peut refuser son concours à la constitution d’un gouvernement qui donne le progrès sans la violence et la liberté sans la révolution. »2301
Émile OLLIVIER (1825-1913), Corps législatif, 9 janvier 1870
Républicain rallié à la nouvelle politique impériale devenue beaucoup plus libérale en 1868, chargé par Napoléon III de former le nouveau ministère, il en appelle à tous les partis, avec des arguments centristes propres à rassembler des hommes du centre droit et du centre gauche.
« Si pour fonder la liberté avec l’Empire vous comptez sur notre concours, il faut vous attendre à ne le rencontrer jamais. »2302
Léon GAMBETTA (1838-1882), refusant la main tendue par Émile Ollivier, Corps législatif, 9 janvier 1870
Républicain pur et dur, il se dit investi d’un « mandat impératif » par une « opposition irréconciliable ». Refus sans appel : « Entre la République de 1848 et la République de l’avenir, vous n’êtes qu’un pont, et ce pont, nous le franchissons. »
Mais la guerre de 1870 va bouleverser le jeu des partis. Chute du régime impérial et union sacrée pour défendre le pays.
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.