« Toutes les têtes se tournèrent et l’on entendit jusque dans les rues crier à l’injustice, à la tyrannie. Les femmes se distinguèrent surtout. Selon elles, la monarchie allait s’écrouler, elles ne parlaient des Parlements que comme des victimes qu’on égorgeait sur l’autel du despotisme. »
(1721-1791), Mémoires de Besenval (posthume, 1805)
L’édit du 23 février 1771, lu le 25 au Conseil d’État par le chancelier Maupeou, fait l’effet d’une bombe. C’en est une : abolition de la vénalité des charges, établissement de la gratuité de la justice, transformation des juges en fonctionnaires appointés, nommés par le roi et révocables en cas de fautes graves ou d’insuffisances. Le « coup d’État Maupeou » est une réforme en profondeur de l’Ancien Régime et les philosophes approuvent. Toutes les cours (des Aides, Comptes, Monnaies, Amirautés) sont supprimées.
« J’avais fait gagner au roi un procès qui durait depuis trois siècles. S’il veut le perdre encore, il est bien le maître. »
René Nicolas de MAUPEOU (1714-1792), La Fin de l’Ancien régime (1974), Henri Métivier
Son coup d’État a réussi : la nouvelle justice fonctionne, plus efficace et plus rapide. Le chancelier de France prépare aussi un code unique et la simplification des procédures. Cette réforme bat en brèche les privilèges de la noblesse de robe et ouvre l’accès de la magistrature à tous. La démarche est en même temps politique : en supprimant les Parlements, Maupeou débarrasse le pouvoir central d’une opposition systématique, frondeuse et paralysante, condition indispensable pour réformer les autres secteurs de l’État.
Mais Louis XVI va rappeler les anciens Parlements, dès son arrivée au pouvoir, en 1774.
Feuilletez notre Chronique sur le Siècle des Lumières pour en savoir plus
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.