Girondins et Montagnards : duels à mort. Des députés tout aussi révolutionnaires et « de gauche » aux premières heures de la Constituante vont s’affronter à mi-parcours de cette Révolution qui s’emballe et annonce la Terreur à venir.
En janvier 1793, le vote pour ou contre la mort du roi (et sans délai dans l’exécution) est l’une des causes majeures d’affrontement entre les deux clans.
« Il a été permis de craindre que la Révolution, comme Saturne, dévorât successivement tous ses enfants. »1269
(1753-1793)
Histoire des Girondins (1847), Alphonse de Lamartine.
Il fera partie des Girondins guillotinés, fin octobre 1793. D’autres charrettes d’« enfants » de la Révolution suivront : les Enragés (hébertistes) trop enragés, les Indulgents (dantonistes) trop indulgents, les robespierristes enfin, trop terroristes.
Le destin de Vergniaud illustre parfaitement ses paroles : avocat (comme nombre de révolutionnaires), député sous la Législative, prenant parti contre les émigrés (royalistes), contre les prêtres réfractaires, Vergniaud est ensuite considéré comme trop modéré, face à Robespierre et aux Montagnards.
« Il faut que Paris soit réduit à un quatre-vingt-troisième d’influence comme chacun des autres départements. »1443
Marie David Albin LASOURCE (1762-1793), député du Tarn, Convention, 25 septembre 1792
(Rappelons que la France fut divisée en 83 départements par la Constituante, le 15 janvier 1790)
La nouvelle assemblée siège depuis le 21 septembre et la disposition des députés a changé. Les Girondins prennent place à droite - ils étaient à gauche à la Législative - et les Montagnards à gauche – ils siégeaient sur les bancs les plus élevés (la Montagne). Une extrême gauche minoritaire et une masse de centristes formant la Plaine (ou Marais) se rallieront à la Montagne. Pour l’heure, la Convention est majoritairement girondine - jusqu’au printemps 1793.
L’orateur parle ici au nom des Girondins, en riposte aux Montagnards. Députés venus assez nombreux de la Gironde et en majorité de province, ils sont partisans d’un régime fédéraliste, contre les tendances centralisatrices des Montagnards : les chefs de ce parti mettent leurs espoirs sur les éléments révolutionnaires les plus avancés, qu’on trouve naturellement à Paris, dans la Commune insurrectionnelle et les sections des sans-culottes.
Lasource, surnommé Alba, élu à la Législative et réélu à la Convention, ancien pasteur protestant, est fidèle à ses principes plus qu’à un meneur ou un parti. Il va passer des Montagnards aux Girondins, et mourra avec eux.
« L’arbre de la liberté ne saurait croître s’il n’était arrosé du sang des rois. »1475
Bertrand BARÈRE de VIEUZAC (1755-1841), à la tribune, 20 janvier 1793
Constitutionnel modéré sous la Constituante, réélu à la Convention, rallié aux Montagnards, il se distinguera par son zèle sous la Terreur, membre du Comité de salut public, surnommé l’Anacréon de la guillotine. En attendant et en tant que président de la Convention érigée en tribunal, il dirige le procès du roi. Les 749 députés sont conscients de leur responsabilité et l’Assemblée est partagée. Barère est très déterminé.
Dans l’effervescence générale, il justifie ainsi la condamnation à mort de Louis XVI, votée par les Montagnards, sans appel au peuple, sans sursis à l’exécution - contre la partie la plus modérée de l’assemblée, dont les Girondins qui souhaitent atténuer la peine. Le roi sera guillotiné, le lendemain, 21 janvier. Fait capital, séisme national !
« On a cherché à consommer la Révolution par la terreur ; j’aurais voulu la consommer par l’amour. »1493
VERGNIAUD (1753-1793), Convention, 10 avril 1793
La Terreur n’est pas encore décrétée à l’ordre du jour, mais les Girondins la voient venir : le Tribunal révolutionnaire, juridiction d’exception, a été constitué le 28 mars pour juger les traîtres et les gens supposés tels, et le Comité de salut public, créé le 6 avril pour surveiller l’exécutif. Voici les deux outils forgés pour la dictature jacobine.
Dénonçant « cette inquisition mille fois plus redoutable que celle de Venise », Vergniaud lui oppose son rêve de fraternité. Dans le même élan, ce grand orateur répond au chef de la Montagne, Robespierre.
« Robespierre nous accuse d’être devenus tout à coup des « modérés », des « feuillants ». Nous, modérés ! Je ne l’étais pas le 10 août, Robespierre, quand tu étais caché dans ta cave ! Des modérés ! Non, je ne le suis pas dans ce sens que je veuille éteindre l’énergie nationale. »1494
VERGNIAUD (1753-1793), Convention, 10 avril 1793
Le dialogue tragique commence, devant l’Assemblée qui sait que le sort de la Révolution se joue ici et maintenant, Girondins contre Montagnards. Le plus éloquent des députés de la Gironde conclut : « Si, sous prétexte de révolution, il faut pour être patriote se déclarer le protecteur du meurtre et du brigandage, je suis modéré ! »
Au club des Jacobins, Robespierre a déjà dénoncé les Girondins, sans les nommer : « Celui qui a des culottes dorées est l’ennemi de tous les sans-culottes. Il n’existe que deux partis, celui des hommes corrompus et celui des hommes vertueux. » Rappelons qu’ils sont issus de la même classe bourgeoise que les amis de Robespierre, et que celui-ci est toujours très élégamment vêtu. Manichéisme simpliste, mais efficace : on oppose les riches aux pauvres.
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