Petite histoire de la presse
L’histoire de la presse se résume en quelques mots : évolution irréversible, progrès dans la liberté, naissance d’une opinion publique et véritablement populaire, mais excès, dérives et désinformation en tous genres, les mêmes tendances se retrouvant d’époque en époque.
Sous l’Ancien Régime, la censure veille et la Gazette (hebdomadaire) est un journal officiel, comme le Moniteur (créé en 1789 et publié jusqu’en 1901). Tout commence avec la Révolution.
L’explosion de la presse révolutionnaire illustre la liberté dans tous ses états et ses excès, entre 1789 et 1794. Napoléon réduit à néant la presse d’opinion, mais tout au long du XIXe siècle, la liberté joue avec la censure et gagne finalement son combat. Au XXe siècle, radio et télévision sont d’abord « la voix de la France » et se libèrent à leur tour, avant la révolution numérique du XXIe siècle.
1. Explosion de la presse révolutionnaire : la liberté dans tous ses états et ses excès.
En quelques mois, on passe de « rien » (La Gazette, journal officiel) à la liberté de tout dire, tout imprimer. C’est peut-être dans ce secteur de la presse que la Révolution prend tout son sens. Les citations parlent plus clairement que jamais.
« Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous ! »1274
(1753-1793) et (1762-1790), devise en tête du journal de Louis-Marie Prudhomme, Les Révolutions de Paris
Belle déclaration qui aurait pu inspirer en 2016 le mouvement Nuit Debout. Mais les auteurs et acteurs de 1789 vont aller au bout et bien au-delà des prévisions !
Cette citation s’inscrit dans le contexte révolutionnaire qui va définitivement mettre fin à l’Ancien Régime, commençant par abolir en août 1789 les privilèges des « grands » (noblesse et clergé). La presse accompagne, illustre et souvent devance ce mouvement.
La liberté de la presse est l’un des principes affirmés dans la Déclaration des droits de 1789. La floraison des journaux marque un spectaculaire éveil de la conscience populaire : 42 titres paraissent entre mai et juillet 1789, plus de 250 à la fin de l’année ! Certaines feuilles ont une diffusion confidentielle, mais d’autres arrivent à 200 000 exemplaires. Ce sont surtout les plus extrémistes et les plus influentes, signés Marat, Hébert.
Le journal des Révolutions de Paris est un quotidien, né le 12 juillet 1789, qui se distingue autant par son extrémisme que par la subtilité de ses analyses politiques. Loustalot, avocat et activiste révolutionnaire, est le principal rédacteur du journal jusqu’à sa mort précoce à 28 ans (par maladie) et Vergniaud, devenu très vite célèbre par son éloquence girondine, reprit cette phrase dans un discours de 1792. Ce mot est donc attribué à l’un ou l’autre des deux hommes.
Les Girondins seront bientôt victimes des Montagnards et l’escalade de la violence aboutit à la Terreur. Il n’est qu’à lire la presse pour comprendre la situation.
Toutes les citations ci-dessous sont commentées dans nos Chroniques en 10 volumes, qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.
« Il y a une année que cinq ou six cents têtes abattues vous auraient rendus libres et heureux. Aujourd’hui, il en faudrait abattre dix mille. Sous quelques mois peut-être en abattrez-vous cent mille, et vous ferez à merveille : car il n’y aura point de paix pour vous, si vous n’avez exterminé, jusqu’au dernier rejeton, les implacables ennemis de la patrie. »1380
MARAT (1743-1793), L’Ami du peuple, décembre 1790
« Il faut purger les prisons et ne pas laisser de traîtres derrière nous en partant pour les frontières. »1429
Mot d’ordre repris dans toute la presse révolutionnaire, automne 1792
« Foutre ! […] Il est bon que le peuple souverain s’accoutume à juger les rois. »1463
Jacques HÉBERT (1757-1794), Le Père Duchesne, décembre 1792, lors du procès de Louis XVI
« Croyez que le petit-bourgeois est le plus cruel ennemi des sans-culottes, parce qu’il est plus près d’eux. »1509
Journal de la Montagne, 13 juin 1793
« Son foutu mâtin de journal / Nous a bougrement fait de mal,
Qu’on le foute à la guillotine / Et toute sa clique coquine,
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment / Guillotinez-les proprement. »1580BEAUCHANT (fin du XVIIIe siècle), Impromptu sur le raccourcissement du Père Duchesne, printemps 1794
Le peuple chante la fin de la Terreur. Mais la liberté de la presse meurt avec la Révolution… Tous les journaux vont disparaître.
Tous les commentaires de ces citations se trouvent dans la série des 10 Chroniques :
Les Chroniques, en 10 volumes, racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.
L’Histoire apparaît comme un scénario de film à grand spectacle, alternant avec une pièce de théâtre intime, toujours entre comédie et tragédie.
Elle s’incarne à travers toutes sortes de personnages. Les noms célèbres côtoient des inconnus, et le peuple, anonyme, occupe constamment la scène, prenant le premier rôle, de Révolution en Commune.
Toute époque tragique abonde en mots épiques et mots de la fin, mais l’esprit à la française résiste, même aux pires moments de la Terreur, des massacres ou des guerres.
Au fil des citations, l’action avance et rebondit, cependant que toutes les opinions et les pa
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