Vérité et liberté (politique). Deux mots associés. Deux thèmes éternels. Quelques vérités à ne jamais oublier… Et une citation qui ne fait pas honneur à son « auteure ».
« C’est parce que je veux la souveraineté nationale dans toute sa vérité que je veux la presse dans toute sa liberté. »2206
(1802-1885), Assemblée législative, 9 juillet 1850
Les Médias (2004), Francis Balle.
Le défenseur des libertés s’oppose à la loi sur la presse qui va rétablir le timbre et le cautionnement, le 16 juillet. Louis-Napoléon Bonaparte, prince président de la (IIe) République qui gouverne chaque jour un peu plus la France, déplaît chaque jour davantage à Hugo. Il s’exilera sous le Second Empire de Napoléon le Petit (titre de son pamphlet, 1852). « Quand la liberté rentrera en France, je rentrerai. » Il rentre, le 5 septembre 1870, après dix-neuf ans d’exil, sitôt proclamée la République.
« La vérité est en marche ; rien ne peut plus l’arrêter. »2515
Émile ZOLA (1840-1902), Le Figaro, 25 novembre 1897
Zola commente la demande en révision du procès du capitaine Dreyfus (condamné en 1894). Méline, président du Conseil, la refuse : « Il n’y a pas d’affaire Dreyfus. » Le 13 janvier 1898, Zola lance le fameux « J’accuse », titre de son article dans L’Aurore, journal de Clemenceau. L’Affaire va déchirer la France.
Zola est accusé à son tour : « Tout semble être contre moi, les deux Chambres, le pouvoir civil, le pouvoir militaire, les journaux à grand tirage, l’opinion publique qu’ils ont empoisonnée. Et je n’ai pour moi que l’idée, un idéal de vérité et de justice. Et je suis bien tranquille, je vaincrai. » Condamné à un an de prison et 3 000 francs d’amende, il prend la fuite en Angleterre. Le 3 juin 1898, la Cour de cassation annule la condamnation de Dreyfus. Victoire des dreyfusards ! « Aujourd’hui, la vérité ayant vaincu, la justice régnant enfin, je renais, je rentre et reprends ma place sur la terre française. » Zola dans L’Aurore du 5 juin.
Dreyfus sera gracié par le président de la République et réintégré dans l’armée en 1906.
« L’erreur des démocrates est de croire que leur vérité en soit une pour tout le monde, et force l’adhésion. »2566
André SUARÈS (1868-1948), Trois hommes, Moi et Démocratie (1913)
Phrase prémonitoire à la veille de la Première Guerre mondiale, qui s’applique plus encore avant la suivante, dans l’entre-deux-guerres.
Après la crise économique mondiale de 1929, la « montée des périls » (fascismes allemand et italien) provoque une tension internationale croissante, également ressentie au niveau national. L’Allemagne de l’empereur Guillaume II (comme jadis celle de Bismarck) est persuadée que le régime démocratique condamne la France à la faiblesse en cas de guerre, alors que l’allié anglais est plutôt porté à la neutralité.
« La vérité est une, seule l’erreur est multiple. Ce n’est pas un hasard si la droite professe le pluralisme. »2834
Simone de BEAUVOIR (1908-1986)
Les Temps modernes, numéros 109 à 115 (1955), Jean-Paul Sartre
1955, belle époque du terrorisme intellectuel. Le sectarisme de la gauche communiste sévit naturellement contre la droite, mais se déchaîne aussi en guerre des gauches. Il faudra attendre les années 1980 – démobilisation, désillusion, dépolitisation – pour voir le déclin de tous les « ismes ».
Tout aussi terrible, le mot d’un autre intellectuel célèbre, grand scientifique (prix Nobel de chimie avec sa femme, en 1935), membre actif du Parti communiste, à partir de 1942. « Je suis communiste parce que cela me dispense de réfléchir. » Frédéric Joliot-Curie.
Position radicale – et radicalement différente de Romain Rolland, autre écrivain engagé (à gauche) : « Avec le prolétariat, toutes les fois qu’il respectera la vérité et l’humanité. Contre le prolétariat, toutes les fois qu’il violera la vérité et l’humanité. » Réponse à l’Humanité (1922).
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