Le XIXe siècle, si avare de lois sociales en faveur des travailleurs, se rattrape en matière d’éducation. Jules Ferry aura le mérite d’appliquer enfin et non sans mal les grands principes républicains. Bien avant la Troisième République, des voix militent pour cette cause nationale et l’on retrouve Hugo, troisième auteur le plus cité de notre Histoire. Débat périodiquement relancé sous la Cinquième.
« Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la […] éclairez-la […] vous n’aurez pas besoin de la couper. »2474
Un bref roman de jeunesse, et déjà contre la peine de mort - pour l’abolition, il faudra attendre l’arrivée des socialistes au pouvoir en 1981. Pour l’éducation, mission accomplie par la Troisième République.
La politique scolaire de Jules Ferry s’inspire clairement de l’idéal hugolien : pour régler la question sociale, il faut faire disparaître « la dernière, la plus redoutable des inégalités qui viennent de la naissance, l’inégalité de l’éducation », permettre « la première fusion qui résulte du mélange des riches et des pauvres sur le banc de quelque école ». D’où les « lois Ferry » de 1881-1882, qui rendent l’enseignement primaire gratuit, ce qui permet de le rendre obligatoire de 7 à 13 ans, et laïque.
On veille aussi à la formation des maîtres : Écoles normales d’instituteurs (et d’institutrices) créées dans chaque département. Ce nouveau service public de l’enseignement va donner un minimum d’instruction aux fils de paysans… et engendrer la fameuse rivalité entre l’instituteur et le curé.
Surnommé hier Ferry-la-Famine – sous la Commune – et demain Ferry-Tonkin – pour sa politique coloniale, Ferry est violemment attaqué en tant que ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Son projet de réforme de l’enseignement public primaire (laïc, gratuit et obligatoire) réduisait l’importance de l’enseignement privé si cher à la droite catholique de la Troisième République.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Néron, Dioclétien, Attila, préfigurateur de l’antéchrist ! »2466
Les catholiques insultant Jules Ferry. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
Débats animés, dès le 15 mars 1879. Le 16 juin, la loi Ferry enflamme la Chambre. Gambetta, bouillant républicain, défend son ami Ferry et tape si fort du poing sur la table qu’il perd son œil de verre. Les députés en viennent aux mains. Et volent manchettes et faux cols ! Il faut trois ans avant que passe le train des lois Ferry.
« Vous avez à choisir entre Jésus et Barabbas ! »2533
Parole d’un prédicateur. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
Fin janvier 1902, nouveaux débats sur l’enseignement libre et la séparation des Églises et de l’État (loi de 1905). On voit renaître une vraie guerre de religion d’une folle violence entre Français.
« Autant qu’à l’école, les masses ont droit au théâtre, au musée. Il faut faire pour la culture ce que Jules Ferry faisait pour l’instruction. »3031
André MALRAUX, Discours à l’Assemblée nationale, 27 octobre 1966
Le bien-fondé des lois Ferry fait aujourd’hui la quasi-unanimité. Mais l’éducation hystérise encore les débats, à chaque rentrée. En France, les lois sur l’enseignement sont du genre « explosives », même s’il faut sans fin réformer l’instruction.
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