L’Empire met en vedette l’aigle et l’aiglon. Le bestiaire retrouve le lion et le renard, la poule (dans un nouvel emploi) et accueille la génisse, invitée surprise.
« L’Angleterre prit l’aigle et l’Autriche l’aiglon. »1961
(1802-1885), Les Chants du crépuscule (1835)
Épilogue de l’aventure napoléonienne. Les destins tragiques inspirent les poètes et entre tous, les romantiques du XIXe siècle, à commencer par Hugo, fasciné très jeune par Napoléon et promoteur de cette légende de l’aigle.
Quant à Edmond Rostand, le dernier de nos auteurs romantiques, c’est un peu le second père de l’Aiglon. Il fit beaucoup pour sa gloire, dans la pièce qui porte son nom. Le rôle-titre sera créé en travesti par la star de la scène, Sarah Bernhardt (1900). À plus de 50 ans, elle triomphera en incarnant ce jeune prince mort à 21 ans.
« N’est-ce pas que je suis de la poule blanche ! »1714
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), à sa mère, après l’attentat de la rue Saint-Nicaise, 24 décembre 1800
« Être de la poule blanche », expression corse qui signifie avoir de la chance - et ce Corse est très superstitieux. C’est miracle s’il n’est pas mort, ce soir de Noël 1800. Au passage de son carrosse, explosion de la « machine infernale » – tonneau de 200 livres de poudre, rempli de clous. 22 morts, une cinquantaine de blessés, 46 maisons détruites. Le fracas ébranle tout le quartier Saint-Honoré… Le Premier Consul est indemne. Empereur, il échappera à bien d’autres attentats, protégé par la poule blanche…
« Je sais, quand il le faut, quitter la peau du lion pour prendre celle du renard. »1775
NAPOLÉON Ier (1769-1821)
Mémoires du prince de Talleyrand (posthume, 1891)
Talleyrand eut tout loisir d’observer l’homme, du Directoire jusqu’à la fin de l’Empire, et d’apprécier en connaisseur ses talents. Napoléon est né sous le signe astral du lion, 15 août 1769. Le roi des animaux ne peut que le séduire, mais il revendique la ruse du renard, face à l’adversaire. Pour compléter le bestiaire napoléonien, il a pris pour symboles l’aigle impérial et les abeilles, qui renvoient à l’Antiquité romaine.
« L’Autriche fit au Minotaure le sacrifice d’une belle génisse. »1845
Prince de LIGNE (1735-1814)
L’Europe et la Révolution française (1904), Albert Sorel
Il commente le mariage impérial, en authentique prince autrichien, avec des références mythologiques familières au monde de son temps. Le (second) mariage de Napoléon avec Marie-Louise d’Autriche a lieu le 1er avril 1810 : « C’est un ventre que j’épouse. » Napoléon confirme la référence à la « belle génisse » sacrifiée par l’Autriche et assume le rôle du Minotaure prédateur, sans y mettre les formes. Il manifeste tant de hâte qu’on parle d’un enlèvement, plus que d’un mariage. La cérémonie religieuse a lieu le 2 avril. Sa femme a 18 ans, il vit une lune de miel de trois semaines qui le comble, elle lui donnera un fils, le 20 mars 1811 : le roi de Rome, l’Aiglon.
« L’aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame. »1927
NAPOLÉON Ier (1769-1821), Golfe-Juan, Proclamation du 1er mars 1815
Les Cent-Jours. L’empereur de retour d’exil annonce la couleur dès le premier jour, se pose devant l’armée en soldat de la Révolution et honnit le drapeau blanc de la Restauration avec tous ses symboles d’Ancien Régime.
Il n’en faut pas plus, pas moins non plus, pour que Napoléon gagne cet incroyable pari : rallier les troupes envoyées pour l’arrêter, soulever d’enthousiasme les populations et traverser la France en vingt jours, sous les yeux de l’Europe pétrifiée. Ainsi commence le « vol de l’Aigle », sur la route Napoléon.
« Enfin, v’la qu’je r’voyons à Paris / Ce fils de la victoire !
L’aigle remplace la fleur de lys, / C’est c’qui faut pour sa gloire… »1929Ot’-toi d’là que j’m’y mette, chanson de 1815
Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier
L’un des couplets du chant des partisans, de plus en plus nombreux : la magie impériale agit encore. « De l’île d’Elbe en quittant le pays, / Crac ! Il se met en route. / En vingt jours, il arrive à Paris. / C’t’homm’-là n’a pas la goutte. » Cependant qu’à Paris comme au Congrès de Vienne, la réaction s’organise. Et cent jours après, Waterloo. Défaite absolue. Fin de l’épopée, célébrée par Hugo : « L’Angleterre prit l’aigle et l’Autriche l’aiglon. »
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