La Révolution va marcher sur tous les modes, pour toutes les raisons du monde, avec le déchaînement de toutes les passions humaines et citoyennes - jusqu’à épuisement du peuple français et des soldats de la République.
Un « sextennat » épique que nous allons parcourir en deux jours, en citant Hugo, historien et poète, déjà favori sur le podium de notre Histoire en citations.
« La Révolution française est le plus puissant pas du genre humain depuis l’avènement du Christ. »1631
Fait le plus marquant de l’Histoire de France - un pas de géant, reconnu par tous les historiens, y compris les plus critiques face à l’Événement fondateur des temps nouveaux (et fatalement destructeur de l’Ancien Régime).
Conscience politique de son siècle, homme de cœur et sensibilité de gauche, Hugo aime d’autant plus la Révolution (et l’Empire) qu’il est déçu par les princes qui gouvernent au XIXe siècle et par les révolutions qui l’agitent.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Le bourgeois et le marchand / Marchent à la Bastille / Et ran plan plan […]
Sortez de vos cachots funèbres / Victimes d’un joug détesté
Voyez à travers les ténèbres / Les rayons de la Liberté ! »1330La Prise de la Bastille (1790), chanson vaudeville
Genre léger, très en vogue. L’événement se joue en deux actes : « Départ pour le siège », puis « Délivrance des captifs ». Style typique de l’époque : les « victimes d’un joug détesté » sont les prisonniers libérés. L’inventaire est dérisoire. Ils sont sept : quatre escrocs ayant falsifié une lettre de change, deux malades mentaux et un jeune gentilhomme prodigue. La suite de l’Histoire se joue sur un autre ton !
« La Révolution leur criait : « Volontaires, / Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! »
Contents, ils disaient oui. / « Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes ! »
Et l’on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes / Sur le monde ébloui. »1452Victor HUGO, Les Châtiments (1853)
Michelet, plus précis, n’est pas moins lyrique dans son Histoire de la Révolution : « Six cent mille volontaires veulent marcher à la frontière. Ils restent tous marqués d’un signe qui les met à part dans l’histoire ; ce signe, cette formule, ce mot n’est autre que leur simple nom : Volontaires de 92. » Mal équipés, pas formés, ces jeunes venus de toute la France répondent aux appels passionnés de la République. 400 000 pour l’été et l’automne 1792, 300 000 de plus en février 1793. Mais le volontariat ne sera pas éternellement suffisant.
« Dix mille hommes sont nu-pieds dans l’armée. Il faut que vous déchaussiez tous les aristocrates de Strasbourg dans le jour et que demain à dix heures du matin, les dix mille paires de souliers soient en marche pour le quartier général. »1559
Proclamation signée Saint-Just et Lebas, 15 novembre 1793
Ces deux conventionnels s’expriment ici en tant que « représentants du peuple, envoyés extraordinairement à l’armée du Rhin, à la municipalité de Strasbourg ». Bel exemple de la façon expéditive dont cette première République « en marche » règle les problèmes d’intendance aux armées !
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