« Vingt jours ont suffi pour la destruction d’un État dont l’existence fatiguait l’Europe depuis trois siècles. »
(1773-1846), ordre du jour du ministre de la Guerre, après la reddition du Dey d’Alger, 5 juillet 1830
L’Europe et la conquête d’Alger (1913), Edgard Le Marchand.
Prise d’Alger, et reddition sans condition du Dey Hussein, suite à l’expédition militaire de l’amiral Duperré et du ministre de Bourmont, qui ont débarqué en Algérie, le 14 juin.
De Bourmont y gagne son bâton de maréchal de France et Chateaubriand dira, apprenant la prise d’Alger : « Cette nouvelle me ravit sans me rassurer. La Providence peut du même coup agrandir un royaume et renverser une dynastie. »
« Soldats, ils sont six mille, vous êtes trois cents. La partie est donc égale. Regardez-les en face et tirez juste. »
Général CHANGARNIER (1793-1877), Première expédition de Constantine, 24 novembre 1836. Le Crapouillot (1958)
Le général commande l’arrière-garde, lors de la retraite. Au lendemain de la prise d’Alger en 1830, Louis-Philippe se contenta de l’occupation d’une frange côtière. Mais la résistance s’organise autour d’Abd el-Kader, devenu l’« émir des croyants », tandis que le bey de Constantine, Ahmad, contraint le maréchal Clausel, gouverneur de l’Algérie, à la retraite – et bientôt Bugeaud à la négociation avec Abd el-Kader (convention de la Tafna en mai 1837). La trêve sera de courte durée.
« Ou la conquête, ou l’abandon. »
Thomas Robert BUGEAUD (1784-1849), Chambre des députés, 15 février 1840. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
La politique algérienne de la France est trop hésitante, aux yeux du futur maréchal. Le traité signé en 1837 entre Bugeaud et l’émir Abd el-Kader a été violé. La France y faisait pourtant d’importantes concessions, reconnaissant la souveraineté de l’« émir des croyants » sur près des deux tiers de l’Algérie et se contentant d’une occupation du littoral. Abd el-Kader a profité de la trêve pour se constituer une armée, proclamant en 1839 la guerre sainte contre les Français qui occupent l’Algérie depuis 1830. Le militaire met donc les politiques face à leurs responsabilités.
Bugeaud considère pourtant l’Algérie comme « le plus funeste des présents que la Restauration ait fait à la Révolution de juillet », prônant l’occupation restreinte de quelques bases stratégiques, pour empêcher les raids barbaresques. Victor Hugo, le 15 janvier 1840, balaie ses réticences, entraînant la France sur la voie de la colonisation, par l’émigration civile massive : « Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde, c’est à nous d’illuminer le monde. Notre mission s’accomplit. Vous pensez autrement que moi, c’est tout simple. Vous parlez en soldat, en homme d’action. Moi je parle en philosophe et en penseur. »
« Cent mille hommes et cent millions pendant sept ans ! »
Thomas Robert BUGEAUD (1784-1849) à Louis-Philippe. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
Le général pose ses conditions pour accepter d’être gouverneur de l’Algérie.
Le roi cède. Bugeaud est nommé gouverneur, le 29 décembre 1840. Partisan de la guerre acharnée, dix ans après la prise d’Alger, Bugeaud fait la conquête de l’Algérie et y gagne son bâton de maréchal, en 1843.
« Ense et aratro. »
« Par l’épée et par la charrue. »Thomas Robert BUGEAUD (1784-1849), devise du maréchal, gouverneur de l’Algérie. Ismayl Urbain : une autre conquête de l’Algérie (2001), Michel Levallois
Cela signifie que l’on sert son pays en temps de guerre par les armes, en temps de paix par les travaux de l’agriculture.
Bugeaud est le premier des officiers coloniaux à mener de front les opérations de sécurité et les travaux de colonisation : défrichements, routes, concessions de terre pour attirer de nouveaux colons, etc.
« [La colonisation ne se fait pas] dans des pots de fleurs sur les terrasses d’Alger. »
Thomas Robert BUGEAUD (1784-1849). Lettres inédites du Maréchal Bugeaud, duc d’Isly, 1808-1849 (posthume, 1922)
Avec son franc-parler militaire, il déplore le manque de moyens que lui donne la France.
Les députés sont bien loin de la réalité des opérations sur le terrain, en 1842. Le ministère Soult-Guizot a des problèmes plus hexagonaux – politiques, économiques et sociaux – et d’autres colonies sont à l’ordre du jour : occupation de l’archipel des Marquises, protectorat à Tahiti, fondations de comptoirs fortifiés en Côte d’Ivoire.
Faute de crédits suffisants, Bugeaud, devenu maréchal pour son action en Algérie, démissionnera de son poste de gouverneur en 1847.
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