Un bon point pour l’Angleterre, donné par les philosophes des Lumières à cette « terre de liberté ». Mais la « guerre en dentelle » s’envenime à la fin du XVIIIe siècle, vu les ambitions hégémoniques de Napoléon Bonaparte. Ça finit mal pour la France, après Trafalgar, c’est Waterloo (1815), avec une septième coalition européenne, Angleterre en tête.
« Il en a coûté sans doute pour établir la liberté en Angleterre ; c’est dans des mers de sang qu’on a noyé l’idole du pouvoir despotique ; mais les Anglais ne croient pas avoir acheté trop cher leurs lois. »1026
(1694-1778), Lettres philosophiques, ou Lettres anglaises (1734)
Le siècle des Lumières envie la monarchie constitutionnelle anglaise - après exécution de Charles Ier (1649). Exilé deux ans en Angleterre, fervent anglophile (et bon historien), Voltaire vante cette terre de liberté. « Le fruit des guerres civiles à Rome a été l’esclavage et celui des troubles d’Angleterre, la liberté. La nation anglaise est la seule de la Terre qui soit parvenue à régler le pouvoir des rois en leur résistant. Les guerres civiles de France ont été plus longues, plus cruelles, plus fécondes en crimes ; mais de toutes ces guerres civiles, aucune n’a eu une liberté sage pour objet. »
Les Lettres philosophiques, « première bombe lancée contre l’Ancien Régime » (Gustave Lanson), sont publiées sans autorisation : imprimeur embastillé, livre condamné par le Parlement à être brûlé, auteur (re) exilé par lettre de cachet.
« Messieurs les Anglais, tirez les premiers. »1122
Comte d’ANTERROCHES (1710-1785), à Lord Charles Hay, Fontenoy, 11 mai 1745
Guerre de Succession d’Autriche, lors d’un siège mené par les Français près de Tournai. Le commandant de la compagnie de tête des gardes anglaises a lancé : « Messieurs des gardes françaises, tirez. » Le commandant des gardes françaises lui répondit très exactement : « Messieurs, nous ne tirons jamais les premiers. Tirez vous-mêmes. »
Cette réplique, plus tactique qu’il n’y paraît, est moins l’illustration d’une guerre en dentelle que l’expression d’un impératif militaire : quand une armée a tiré, le temps qu’elle recharge ses armes, l’ennemi peut attaquer avec profit.
« Les Anglais ont été de tout temps les ennemis constants et implacables de notre sang et de notre maison ; nous n’en avons jamais eu de plus dangereux. »1135
LOUIS XV (1710-1774), Lettre à Ferdinand VI d’Espagne, 1754
Il écrit au roi d’Espagne, comme lui arrière-petit-fils de Louis XIV et qui pour autant ne fera pas alliance avec la France (d’où le prochain renversement des alliances). De 1688 à 1815, soit en cent vingt-sept ans, la France soutient contre l’Angleterre sept grandes guerres, qui durent en tout soixante ans : on parlera de la « seconde guerre de Cent Ans ».
« Comme Carthage, l’Angleterre sera détruite. »1669
Le DIRECTOIRE, 18 janvier 1798
Slogan repris par Jean Hérold-Paqui, la voix de l’Allemagne à Radio-Paris sous l’Occupation.
Par ces mots, le gouvernement décrète le blocus de la Grande-Bretagne, avec interdiction aux neutres de transporter des marchandises britanniques. Le mois suivant, il soumet à Bonaparte un projet d’invasion de l’Angleterre par la Manche, mais renonce, préférant attaquer l’ennemi anglais en Méditerranée. C’est la (seconde) campagne d’Égypte : « Soldats ! Vous allez entreprendre une conquête dont les effets sur la civilisation et le commerce du monde sont incalculables. Vous porterez à l’Angleterre le coup le plus sûr et le plus sensible en attendant que vous puissiez lui donner le coup de mort. » Proclamation de Bonaparte à ses troupes, 22 juin 1798, avant le débarquement du 28 juin en Égypte. Expédition aventureuse, destinée à barrer la route des Indes à notre plus puissant ennemi. C’est aussi une manœuvre du Directoire pour éloigner le trop populaire Bonaparte, tout en utilisant son génie militaire.
« L’espace qui sépare la Grande-Bretagne du continent n’est point infranchissable. »1718
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Lettre à Talleyrand, ministre des Relations extérieures, 19 avril 1801
Talleyrand déconseille ce débarquement. Le conquérant s’obstine : « Je vais hasarder l’entreprise la plus difficile, mais la plus féconde en résultats effrayants que la politique ait conçue. En trois jours, un temps brumeux et des circonstances un peu favorisantes peuvent me rendre maître de Londres, du parlement, de la Banque. » Bonaparte à Lucchesini, mai 1803. L’idée le hante encore, il se confie à Cambacérès : « C’est un fossé qui sera franchi lorsqu’on aura l’audace de le tenter. » Boulogne, 16 novembre 1803. Ce fossé, c’est la Manche qui sépare la France des côtes d’Angleterre.
« L’Angleterre prit l’aigle et l’Autriche l’aiglon. »1961
Victor HUGO (1802-1885), Les Chants du crépuscule (1835)
L’Angleterre (avec la septième coalition européenne) a battu Napoléon à Waterloo et exilé le prisonnier à Sainte-Hélène, cependant que son fils est élevé à Vienne comme un prince autrichien par son grand-père maternel, François Ier d’Autriche.
Notre série de citations sur les relations franco-anglaises :
- Guillaume le Conquérant : « Cette terre, voilà que je l’ai saisie dans mes mains… »
- Louis-Philippe : « La sincère amitié qui m’unit à la reine de la Grande-Bretagne… »
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