Restauration
L’Algérie entre dans l’histoire de France en 1827, l’année même où l’impopularité du roi et du régime se traduit enfin dans les élections
Les libéraux (de gauche) ont la majorité à la Chambre des députés. Villèle, chef du gouvernement, donne sa démission, lâché par le roi incapable de tenir son rôle, terrifié à l’idée de finir comme son frère, Louis XVI.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Vous êtes un méchant, un infidèle, un traître ! »2006
(vers 1765-1838), 30 avril 1827
La Restauration et la Monarchie de Juillet (1929), Jean Lucas-Dubreton.
Joignant le geste à la parole, il frappe trois fois de son chasse-mouches Pierre Deval, le consul de France, dont le gouvernement refuse de payer des fournitures de blés qui datent du Consulat et de l’Empire. Le Dey refuse de présenter des excuses. Et ce qui pourrait n’être qu’un fait divers va déboucher sur la guerre. L’incident venant aggraver des relations déjà tendues avec l’Algérie sert en effet de prétexte à l’intervention de la France.
« C’est la leçon d’un père qui laisse toujours percer sa sollicitude à travers sa sévérité ou pour mieux dire sa prévoyance. »2007
Le Moniteur, 24 juin 1827
C’est en ces termes que ce journal officiel parle du rétablissement de la censure, par ordonnance.
« L’effet des élections de 1827 fut immense, elles dépassaient de beaucoup les craintes du cabinet et les espérances de l’opposition. »2008
François GUIZOT (1787-1874), Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps (1858-1867)
Libéral écarté de la vie politique à la chute du ministère Decazes en 1820, il a repris ses cours d’histoire à la Sorbonne, avant d’être suspendu en 1822, pour cause d’opposition au régime. Collaborateur au journal de gauche Le Globe, il se réjouit de voir les libéraux majoritaires, le 17 novembre 1827, au terme d’élections anticipées. Symbole remarquable, Royer-Collard, élu dans sept départements différents : ce libéral modéré se retrouve à la tête de la Chambre.
« Que je suis dépité
De ne pas être député,
Moi, marquis et baron…
Qui me préfère-t-on ?
Un plébéien, un avorton,
C’est un homme de rien
Qui lui-même a gagné son bien […]
Quelle horreur ! quelle horreur !
Je ne veux plus être électeur. »2009Paul-Émile DEBRAUX (1796-1831), L’Électeur désappointé (1827), chanson
On surnomme Debraux le Béranger de la canaille, ou Béranger du peuple. Comme tous les chansonniers frondeurs, il eut quelques ennuis, avec les autorités (…) Villèle est encore plus dépité que tous les électeurs : il comptait retrouver une troisième « chambre introuvable ». Mais sur 450 députés élus en novembre dernier, son gouvernement ne compte plus que 201 partisans. C’est un désaveu de sa politique.
« Vous étiez devenu trop impopulaire !
— Monseigneur, Dieu veuille que ce soit moi ! »2010Comte de VILLÈLE (1773-1854), au Dauphin, le duc d’ANGOULÊME (1775-1844), 3 janvier 1828
Villèle, depuis deux mois, a vainement tenté de former un gouvernement qui concilie ses idées et les opinions de la nouvelle Chambre. Il démissionne donc, devient pair de France et cède la place à un libéral modéré, Martignac.
« En abandonnant Monsieur de Villèle, vous descendez la première marche de votre trône ! »2011
Duchesse d’ANGOULÊME (1778-1851), à Charles X. Histoire de la liberté en France : des origines à 1885 (2008), Augustin Challamel
La femme du Dauphin a compris la situation mieux que le roi ! Rappelons qui elle est : fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse Charlotte de France, dite « Madame Royale », fut la seule rescapée de la prison du Temple (…)
« Je ne veux pas monter en charrette comme mon frère ! »2012
CHARLES X (1757-1836), hanté par le souvenir de Louis XVI guillotiné en 1793. La Cour de Charles X (1892), Imbert de Saint-Amand
L’exemple de son frère aîné, devenu un roi martyr, le confortait dans sa politique ultraroyaliste. N’est-ce pas sa faiblesse et ses concessions qui l’ont perdu ? Et Charles X assimile les Girondins de la Révolution aux libéraux de plus en plus agressifs, sous la Restauration. Sa peur devient obsessionnelle.
« Un roi qu’on menace n’a de choix qu’entre le trône et l’échafaud !
— Sire, Votre Majesté oublie la chaise de poste ! »2013TALLEYRAND (1754-1838), à CHARLES X (1757-1836). Souvenirs intimes sur M. de Talleyrand (1870), Amédée Pichot
Façon de rassurer le roi avec humour, lui rappelant au passage qu’il fut le premier émigré célèbre de la Révolution, au lendemain de la prise de la Bastille.
« À chacun selon sa capacité, à chaque capacité selon ses œuvres, plus d’héritage ! »2014
Comte de SAINT-SIMON (1760-1825), Doctrine de Saint-Simon : Exposition. Première année (1829)
L’initiateur du « socialisme à la française » est mort depuis quatre ans. Mais le socialisme fait son chemin petit à petit dans le pays où les idées nouvelles se diffusent, en dépit de toutes les censures.
« Coblence, Waterloo, 1815, voilà les trois principes, les trois personnages du ministère. Pressez, tordez ce ministère, il ne dégoutte qu’humiliation, malheurs et dangers. »2015
SAINT-MARC GIRARDIN (1801-1873), Le Journal des débats, 10 août 1829
Après la formation du ministère Polignac, 8 août, le journal donne le ton, en rappelant le retrait (sans combattre) des Français devant l’armée russe qui reprend Coblence, le dernier jour de 1813 ; puis le désastre de Waterloo et la France, défaite militairement, humiliée diplomatiquement après les Cent-Jours en 1815 (…) « Malheureuse France ! Malheureux roi ! Ainsi, le voilà encore une fois brisé, ce lien d’amour et de confiance qui unissait le peuple au monarque ! (…) »
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