Affaire Dreyfus. Toutes les pièces au dossier sont empruntées à notre Histoire en citations, y compris les commentaires qui contextualisent l’Affaire.
Troisième République : malheureusement connue pour ses crises politiques, ses scandales financiers et autres affaires, voici l’Affaire (majuscule) qui va ébranler le régime, déchirer la France, exaspérer les passions jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début de la Quatrième République, sur fond de nationalisme et d’antisémitisme. Associé à l’Affaire Dreyfus, il y a l’engagement (massif) des intellectuels, Émile Zola en tête, qui prend en quelque sorte le relais de Victor Hugo (mort en 1885).
Feuilletez notre Chronique sur la Troisième République pour tout savoir.
« La vérité est en marche ; rien ne peut plus l’arrêter. »2515
Zola commente la demande en révision du procès du capitaine Dreyfus.
L’histoire, complexe et longue, commence fin septembre 1894, quand une femme de ménage française de l’ambassade allemande, travaillant pour le Service de renseignements, découvre un bordereau prouvant la trahison d’un officier de l’état-major français. Le général Mercier, ministre de la Guerre, met en cause Alfred Dreyfus. On lui fait faire une dictée, il y a similitude entre son écriture et celle du bordereau en cause. Dreyfus est condamné à la déportation en Guyane par le Conseil de guerre de Paris, le 22 décembre 1894. Diverses irrégularités sont mises en évidence. Sa qualité de juif joue contre lui, à une époque où l’antisémitisme a ses hérauts, ses journaux, ses réseaux.
« Il n’y a pas d’affaire Dreyfus. »2516
Jules MÉLINE (1838-1925), président du Conseil, au vice-président du Sénat venu lui demander la révision du procès, séance du 4 décembre 1897
Mot malheureux, quand éclate au grand jour l’affaire Dreyfus, qui deviendra l’« Affaire » de la Troisième République et la plus grave crise pour le régime. Méline refuse la demande en révision du procès. Les dreyfusards (minoritaires dans le pays) vont mobiliser l’opinion publique par une campagne de presse.
« J’accuse. »2517
Émile ZOLA (1840-1902), titre de son article en page un de L’Aurore, 13 janvier 1898
L’Aurore est le journal de Clemenceau et le titre est de lui. Mais l’article en forme de lettre ouverte au président de la République Félix Faure est bien l’œuvre de Zola : il accuse deux ministres de la Guerre, les principaux officiers de l’état-major et les experts en écriture d’avoir « mené dans la presse une campagne abominable pour égarer l’opinion », et le Conseil de guerre qui a condamné Dreyfus, d’« avoir violé le droit en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète ». Le ministre de la Guerre, général Billot, intente alors au célèbre écrivain un procès en diffamation.
« Un jour la France me remerciera d’avoir aidé à sauver son honneur. »2518
Émile ZOLA (1840-1902), La Vérité en marche, déclaration au jury. L’Aurore, 22 février 1898
Le procès Zola en cour d’assises (7-21 février 1898) fit connaître l’affaire Dreyfus au monde entier. Formidable tribune pour l’intellectuel converti aux doctrines socialistes et aux grandes idées humanitaires ! « Tout semble être contre moi, les deux Chambres, le pouvoir civil, le pouvoir militaire, les journaux à grand tirage, l’opinion publique qu’ils ont empoisonnée. Et je n’ai pour moi que l’idée, un idéal de vérité et de justice. Et je suis bien tranquille, je vaincrai. » En attendant, Zola est condamné à un an de prison et 3 000 francs d’amende.
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